Il ne peut en rester qu'un
Il y a eu beaucoup trop de films de sous-marins.
Beaucoup trop car le tour de la question avait été fait en 1982. Das Boot, par son perfectionnisme et son aboutissement condamne irrémédiablement ses successeurs au plagiat honteux ou à la pale copie sans âme.
Le film est d’une longueur effrayante. Il le fallait pourtant. Petersen a compris que la lassitude est le quotidien du sous-marinier. L’inaction est leur pire ennemie et chacun la combat à sa manière. Celui-ci écrit à son amour resté France. Celui-là use de ses yeux les photos de sa famille. Ceux-là tentent quelques jeux de cartes.
Mais rien ne saurait tromper l’ennui et l’équipage dépérit. Il faut saluer dès lors la pertinence du jeu des acteurs ainsi que la discrétion de la caméra qui se glisse dans le moindre recoin pour nous faire partager le sort de ces hommes.
Bluffant.
Le principal enjeu d’un tel film est de retranscrire l’exiguïté des locaux, la promiscuité permanente entre les marins.
Là encore, Das Boot s’impose comme une référence et réussit où tant d’autres ont échoués. Claustrophobes s’abstenir.
La coque grince, s’écrase sous la pression des tonnes d’eau qui entourent ce vulgaire tube de métal. Une épaisseur d’acier dérisoire qui sépare les hommes d’une mort certaine. La peur est partout, sur les visages, au détour d’une coursive.
Terrifiant.
Le point de vue adopté, un sous marin allemand patrouillant en Atlantique, laissait craindre la pire complaisance et le moralisme facile. Petersen évite également cet écueil avec brio. Le scénario est vaguement politisé, ne se permet aucune apologie du Reich heureusement, mais le contexte politique n’est là que pour mettre en exergue la solitude du sous-marin et de son équipage. Livrés à eux-mêmes, amenés à prendre des décisions majeures sans aucun soutien de la hiérarchie, le sentiment d’isolement n’en est que plus fort et le cloisonnement s’en ressent d’autant plus.
Magistral.
Les moyens sont limités mais lorsque l’heure des affrontements vient, le talent de Petersen s’exprime à nouveau. Se limitant à quelques modestes mais terrifiantes prises de vue de l’ennemi, il installe à bord une atmosphère oppressante. La main est alors donnée à ses acteurs, peu nombreux mais imprégnés de leurs rôles jusqu’à l’os.
Éprouvant.
Das Boot offre l’immersion parfaite dans le monde de la sous-marinade. Il retranscrit comme nul autre l’atmosphère de ces bateaux, les craintes de leurs équipages, la fragilité de leur situation.
Une référence.