"Le beau mariage" est l'histoire d'une jeune femme soudainement décidée à se marier. Fidèle à son approche habituelle, Rohmer se détourne de la psychologie pour ne restituer que le caprice ingénu de Sabine, laquelle, en fixant son ambition sur un un riche et séduisant avocat, risque dès lors de paraitre une vulgaire intrigante.
Mais l'art de Rohmer, son humour aussi, finit par nous convaincre de la sincérité candide de la jeune femme. Cette "chasse à l'homme" s'inscrit dans un propos spirituel et raisonné sur la relation conjugale, sur les raisons d'être du mariage et, accessoirement, sur les raisons de le fuir.
Film faussement sentimental puisqu'il s'appuie moins, voire pas du tout, sur une émotion amoureuse que sur une réflexion existentielle ou utilitaire, "Le beau mariage" est encore une fois l'illustration du cinéma ludique et naturel de Rohmer, le portrait charmant d'une héroine littéraire moderne autant qu'un séduisant jeu de comédiens. La parfaite direction d'acteurs du cinéaste, sa simplicité, sa légèreté et sa précision lui permettent de donner une réelle identité à ses tableaux de moeurs.