Pour sa nouvelle réalisation, le grand Steven Spielberg décide de revenir à un cinéma bien plus familial que ses projets précédents (Lincoln et Le Pont des Espions), en adaptant à best-seller de Roald Dahl (auteur de l’incontournable Charlie et la Chocolaterie). Sans conteste l’un des films les plus attendus en cet été 2016, notamment via une bande-annonce qui donnait tout simplement envie et qui nous ramenait à une époque où le cinéaste savait nous émouvoir et émerveiller avec ses films (E.T.) et autres productions du même calibre (Les Goonies, Gremlins, Retour vers le Futur…). Malheureusement, si le film saura amuser bon nombre de gens, ce BGG (initiales faciles pour le Bon Gros Géant), le titre fait plutôt pâle figure dans la filmographie de son géniteur.
Pourtant, dès les premières minutes du long-métrage, nous avons tout ce qui fait un bon Spielberg. À savoir un jeune personnage principal (la petite Sophie) très attachant, un décor sublimement mise en scène (les rues de Londres, filmées avec fluidité, malice et passion – là, on se dit que Spielberg aurait été de taille à la barre d’un Harry Potter comme il était initialement prévu), une ambiance à la fois enfantine et magique (John Williams est toujours au top de sa forme), et cette manie qu’a le réalisateur à émerveiller au moindre plan (chaque apparition du géant éponyme). En clair, le film a à peine le temps de démarrer qu’il nous embarque illico presto dans ce qui s’annonce un voyage hautement féerique. Promettant au passage de magnifiques images (les effets spéciaux sont de bonne facture) et de très bons interprètes (l’excellent Mark Rylance et la jeune Ruby Barnhill). Et puis, une fois dans le monde des géants, la sauce ne va pas suffisamment évoluer pour avoir le goût qu’on espérait tant.
Si Spielberg va s’amuser avec nous en proposant des situations rigolotes basées sur la différence de taille des deux personnages et l’étrange élocution du géant qui fera sourire (aussi bien en VO qu’en VF), le film n’ira malheureusement pas plus loin que cela. Bien évidemment, l’ensemble tient la route et n’ennuie pas une seule seconde. D’autant plus que Le BGG nous livre quelques plans somptueux (l’arbre des rêves), des moments véritablement touchants et un duo qui marche du tonnerre. Sans compter les quelques petites blagues qui feront sourire les personnes de tout âge. Mais une fois arrivés au générique de fin, vous vous direz que ce cher bon Steven s’est contenté du minimum syndical. Car il n’y a clairement rien d’autre dans son long-métrage que ce qui a été précédemment énuméré. Comme si le papa d’E.T. avait fait ce film parce qu’il le fallait, en attendant de s’attaquer à d’autres projets bien plus imposants (Read One Player, par exemple).
Je vais arrêter de tourner autour du pot : le gros défaut de ce BGG, c’est son consternant manque de poésie, de magie, de merveilleux. Même s’il y a de quoi s’attacher au tandem Sophie/BGG au point de vouloir que leur amitié sur le papier impossible puisse fonctionner, le film ne nous en met jamais plein les yeux. Que ce soit au niveau des scènes et des effets spéciaux, qui ne font que mettre en images le scénario sans parvenir à se montrer sensationnelles ; ou bien de l’ensemble, n’arrivant pas à titiller notre fibre émotionnelle comme l’avaient fait d’autres œuvres du maître (encore une fois E.T. mais aussi Hook, Rencontres du Troisième Type et consorts). Juste un enchaînement de séquences plaisantes qui tiennent notre attention via le bon travail technique effectué (la musique, le montage, la mise en scène, les effets spéciaux), mais qui amène à un dénouement bouclé à la va-vite tout en passant par un humour parfois un peu trop facile (la limite du caca prout est souvent franchie – Spielberg s’était toujours montré bien plus subtil que cela !).
Certes, Le BGG est un film pour enfants fort sympathique, mis en boîte avec savoir-faire, qui saura les divertir le temps de son visionnage. Mais de la part d’un cinéaste tel que Steven Spielberg, nous ne pouvons qu’être déçus par tant de facilité et de simplicité. On s’attendait forcément à une œuvre qui nous rappelle la magie de ses œuvres passées, on se retrouve finalement avec un long-métrage oubliable et au final sans grand intérêt. Une conclusion dure comparée à la note donnée, j’en conviens, mais quand on voit ce que peut livrer le bonhomme avec le minimum syndical, nous ne pouvons qu’être satisfaits du résultat quoi qu’il arrive ! Ce qui n’entache en rien l’attente que nous avons de ses prochains films (principalement Read One Player et Indiana Jones 5), ne faisant que grandir au fur et à mesure que leur date de sortie respective approche.