Ce film a été massacré par la critique à sa sortie, je m'en souviens très bien, et encore aujourd'hui, il est considéré comme un nanar, j'ai donc envie de le défendre parce qu'il est bien meilleur qu'on ne le croit.
Je suis conscient qu'il y a un gros défaut, c'est le fameux bison, on voit bien que c'est une mécanique montée sur rails, sa progression n'est pas assez réaliste, et les plans serrés avec des cadrages maladroits n'arrangent rien, du coup le côté frissonnant qui aurait dû saisir le spectateur est très moyen, mais bon, mis à part ça, je trouve que l'ensemble constitue un divertissement acceptable, le film m'avait plu quand je l'avais vu en salles, bon d'accord j'avais 18 ans et j'étais moins exigeant, mais je l'ai revu 2 fois bien plus tard en VHS, je trouve que c'est pas si mal.
C'est un western atypique en fait, qui semble réunir le western pro-indien et le western crépusculaire, mais il est typique des années 70, époque où le genre traversait un purgatoire, il faut donc se réjouir d'y voir 2 grandes figures de l'Ouest, le légendaire Wild Bill Hickock et le chef sioux Crazy Horse, et quand ils sont incarnés par 2 acteurs de la trempe de Charles Bronson et Will Sampson, c'est encore mieux ; Bronson s'est fait un look adéquat, ça le change de ses polars urbains, et Will Sampson est très crédible en Sioux un peu mystique qui apporte une petite touche onirique à cette aventure. Parmi les autres points positifs : la relation entre ces 2 personnages est une belle histoire de fraternité, il y a un certain ton philosophique par endroits ; la belle musique de John Barry accentue l'ambiance étrange donnée par Lee Thompson, c'est un western qui frôle le fantastique avec cette quête de la bête monstrueuse.
On est carrément dans une version sur terre du "Moby Dick" d'Herman Melville, avec le mythe de la baleine blanche remplacée ici par un bison blanc maudit qui hante les cauchemars de Hickock, son obsession s'assimile à celle du capitaine Achab. En plus de belles images de nature sauvage, les seconds rôles qui entourent les 2 vedettes sont de bonnes figures de l'Ouest dans lesquelles il est toujours agréable de retrouver Jack Warden en vieux trappeur truculent, Slim Pickens, Ed Lauter, Clint Walker, John Carradine, Stuart Whitman et même Kim Novak dans un petit rôle.
Acteur fétiche de Jack Lee Thompson dans cette période d'années 70-80 (je crois qu'ils feront 9 ou 10 films ensemble), Bronson s'en tire bien, et je trouve que c'est une de leurs meilleures collaborations, bien plus réussie que Kinjite ou Cabo Blanco qui sont de fades polars sans consistance, alors qu'ici, il y a un vrai enjeu et de bons personnages. C'est dommage que les effets spéciaux sur le bison blanc soient ratés, c'est regrettable pour l'époque, et ça donne au film une allure de série B qu'il ne mérite pas, mais en l'état, c'est pas si important, pour moi c'est un film très sympathique.