Peu apprécié de la critique et du public, ce film est souvent affublé de l’adjectif « étrange ». Défoncé principalement pour la piètre qualité de ses effets spéciaux concernant le fameux bison blanc, le résultat n’a pourtant rien de honteux. Certes, les charges du bison manquent clairement de réalisme mais elles participent, de ce fait, au ton onirique qui anime l’ensemble. L’obsession de Charles Bronson pour cet animal qui vient hanter ses cauchemars, l’attaque du camp indien par ce même bison, cette quête rédemptrice qui anime les deux personnages et met en perspective la culture occidentale et indienne se retrouvent plutôt servis par ces trucages défaillants. Ils mettent cependant à mal, il faut bien l’avouer, le final entre les différents protagonistes. Mais rien, à mon sens, de rédhibitoire.


L’ambiance générale du film est, en ce sens, une véritable réussite. Onirique, étrange, crépusculaire, elle mélange les genres avec une originalité véritable. Entre western, film de « monstre » (dans la lignée des Dents de la mer, Orca ou King Kong), aventures, catastrophe, fantastique, l’ensemble embrasse, en outre, différents thèmes propres à ces genres. Lorgnant du côté de Moby Dick, se penchant sur la spiritualité indienne, s’appuyant sur des personnages ayant existé, voilà un projet qui empile les références avec un certain culot. Au milieu de ce résultat, il est vrai foutraque, surgissent quelques éclairs de violence propres aux westerns de la fin des années 60 et des années 70. Les deux scènes dans deux bars différents sont, à ce titre, particulièrement réussies. On apprécie enfin les nombreux acteurs qui viennent faire une apparition (Stuart Whitman, Kim Novak, Ed Lauter).


L’ensemble n’est cependant pas une réussite totale. Le scénario manque de rigueur (des personnages traversent le récit de façon providentielle ou sans rien apporter de plus à l’intrigue) mais aussi de souffle dans sa dernière partie. La quête du bison se fait ainsi sans véritables difficultés et sans péripéties. Le projet de vouloir le tuer paraît finalement plus intéressant lorsqu’il est présenté que lorsque ses chasseurs passent à l’action. Mais ces quelques réserves ne coulent pas le film, loin de là. Le divertissement est au rendez-vous dans de superbes paysages enneigés et les dialogues souvent drôles nous accompagnent tout au long de l’entreprise. Au regard de sa mauvaise réputation, le résultat est donc plutôt une bonne surprise.


Créée

le 20 oct. 2022

Critique lue 87 fois

15 j'aime

3 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 87 fois

15
3

D'autres avis sur Le Bison blanc

Le Bison blanc
Ugly
7

Moby Dick sur neige

Ce film a été massacré par la critique à sa sortie, je m'en souviens très bien, et encore aujourd'hui, il est considéré comme un nanar, j'ai donc envie de le défendre parce qu'il est bien meilleur...

Par

le 28 févr. 2019

25 j'aime

21

Le Bison blanc
Play-It-Again-Seb
7

Bison futé

Peu apprécié de la critique et du public, ce film est souvent affublé de l’adjectif « étrange ». Défoncé principalement pour la piètre qualité de ses effets spéciaux concernant le fameux bison blanc,...

Par

le 20 oct. 2022

15 j'aime

3

Le Bison blanc
SB17
7

La fin d'une époque

Le duo Jack Lee Thompson-Charles Bronson n'aura pas accouché que de chefs d'œuvre, loin s'en faut... Ce Bison blanc est pourtant une franche réussite, malgré un cuisant échec lors de sa sortie...

Par

le 1 oct. 2021

11 j'aime

5

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10