Le duo Jack Lee Thompson-Charles Bronson n'aura pas accouché que de chefs d'œuvre, loin s'en faut... Ce Bison blanc est pourtant une franche réussite, malgré un cuisant échec lors de sa sortie. L'édition Blu-Ray de Sidonis est donc l'occasion de réévaluer ce western teinté de fantastique et qui mine de rien s'avère bien plus profond qu'il n'y paraît...
Lorsque Jack Lee Thompson réalise The White Buffalo en 1977, il s'agit de sa deuxième collaboration avec Charles Bronson, avec qui il tournera huit films, principalement des polars durant les années 1980 de qualité assez médiocre... Ce qui n'est pas le cas ici ! En effet le dernier western de Charles Bronson, qui fût l'une des icônes du genre, est un film de qualité lorgnant vers le fantastique et interrogeant de manière intelligente une partie de l'Histoire américaine. Se déroulant à la fin des années 1870 du côté des Black Hills, où les chefs indiens Crazy Horse et Sitting Bull résistèrent aux américains, le film traite également de la fin d'une époque où l'« homme blanc » amorçait la conquête totale du continent américain en éliminant les amérindiens, peuple autochtone, ainsi que les bisons... A ce titre, on aperçoit au début du film une montagne d'ossements de bisons symbolisant leur massacre et in fine celui de leurs chasseurs légendaires...
Dans le même sens, on appréciera les liens se formant entre trois protagonistes opposés : Crazy Horse, chef indien ne voyant dans le blanc qu'une menace ; Jack Warden pour qui « un bon indien est un indien mort » ; et le personnage joué par Bronson qui rappelle à l'indien la fatalité de l'Histoire, que les blancs vont gagner et remplacer les autochtones. Malgré leur amitié développée dans ce combat commun contre le bison blanc, Crazy Horse et Wild Bill Hickok se quitteront en espérant ne pas se recroiser car alors la réalité les poussera à se confronter...
DES MONSTRES SACRÉS
Si le film fût un échec en 1977, et s'il est encore parfois moqué, c'est surtout pour son monstre, qui clairement ne fait pas partie des créatures les plus inquiétantes du cinéma... Ce alors que la réalisation de Thompson cherchait à suivre le courant des films de terreur animale alors en vogue à Hollywood depuis Les Dents de la mer sorti en 1975. Dino de Laurentiis, producteur du Bison blanc, avait d'ailleurs financé deux films de ce genre avec King Kong en 1976 (avec déjà la musique de John Barry) et Orca cette même année 1977. Pour revenir à notre bison, si sa mécanique est datée et le rend peu crédible, il ne dessert pour autant pas le long-métrage et apporte même une touche fantastique et fantasmagorique soulignée par la superbe mélodie de John Barry. D'ailleurs les paysages enneigés, la musique et le sentiment de danger prégnant tout au long de la traque nous feront songer à un autre classique du fantastique, The Thing de John Carpenter sorti en 1982.
Il convient de noter qu'à la base, le bison blanc est dans la culture amérindienne un symbole de paix et de fertilité, plus un monstre sacré qu'un monstre horrifique. En parlant de monstres sacrés, on en retrouve justement plusieurs dans ce film ! Entre la présence de Charles Bronson et son immense carrière, celle de Will Sampson (inoubliable dans Vol au-dessus d'un nid de coucous) et de seconds couteaux de talent et emblématiques du cinéma hollywoodien (Jack Warden....
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