Les modèles de remakes, il en existe tout un tas : du The Thing de Carpenter au Scarface de De Palma, en passant par les Affranchis de Scorcese et La Mouche de Cronenberg, tous les exemples de grands films ne sont pas rares. Et puis, il y a le remake de "Danger Planétaire", ou "Blob" en VO, petite série b déjà critiquée, avec un Steve McQueen qui faisait ses débuts. Le film n'était pas mauvais, non, c'est juste qu'il ne rentrait pas assez dans son délire.
Qu'en est-il donc de ce remake ci? Même si j'ai déjà sous entendu qu'il était un bon film, il demeure une question : s'aventure-t-il où l'original n'osait pas aller? Oui, carrément. "Le Blob", c'est une sorte de gros délire fantasmagorique pour les fanas de gore, et cauchemardesque pour les âmes sensibles. Terriblement bien foutus, mis en image de manière grandiose, il impressionnera petits et grands, hommes et femmes, vieillards et enfants.
Aujourd'hui encore, le film marque toujours autant. Fascinant dans sa manière de montrer l'horreur, terrible fable où le dégueulasse le plus immonde côtoie la joie la plus intense, voilà un remake intelligent qui sait aller plus loin que le film dont il s'inspire, le dépassant dès lors de la meilleure des manières. Un film qui reprend une thématique culte, mais la pousse à son paroxysme. Que demander de mieux?
De plus, cette manière de bouleverser le spectateur jusqu'aux tréfonds de son âme se retrouve également dans le respect tout relatif du scénario de l'oeuvre originale : respectant les grandes lignes, le métrage s'en écarte finalement pour trouver sa propre voie, son propre chemin. Et c'est là que c'est fort : les scénaristes chamboulent notre perception, nos songes à l'égard du film par un jeu de dupes scénaristique génial, et un retournement de situation traumatisant ( lorsque le film à vraiment commencé, vers la première demi-heure, ou quelque chose d'approchant ). Je ne vous dirait rien, pour ne pas risquer le moindre spoil.
Parce qu'il faut saisir une chose avec "Le Blob" : s'il est si bon, c'est quand il prend ses aises, qu'il ne copie pas bêtement le film de base. Ainsi, c'est à la fin qu'il décevra son monde, en pompant littéralement la scène originale, et se perdant sans savoir quoi y faire. Les incohérences y pullulent, les comportements peu cohérents aussi; c'est un peu comme si le film n'avait pas su comment retranscrire la scène à sa manière, comme il avait réussi à le faire pendant tout le film.
Une fin d'autant plus dommageable que même ses effets spéciaux baissent en qualité, commençant à accuser le poids des années. Voyez-vous, c'est une chose que je ne parviens toujours pas à comprendre : sublime du début jusqu'à cette fin, ils impressionnaient sans problème, jusqu'à dégoûter de cette créature répugnante et parfaitement mise en forme, sorte de parasite dégénéré à l'aspect répugnant.
Et là, il a fallu de la fin pour que le niveau baisse considérablement, au point que j'en ai baissé la note finale. Sans compter son héros bon acteur mais fadasse au possible, sorte de sous rockeur tenant plus du minet, du Travolta que du Marlon Brando, de l'Elvis Presley. Un cruel manque de charisme qui n'impactera heureusement pas sa manière de jouer. Sa copine est bonne actrice aussi, et s'engage complètement dans le film.
C'est appréciable, très appréciable. Autant que l'excellente mise en scène de Chuck Russell, qui rend le film nerveux, presque terrifiant, avec cet impact toujours si fort à ce jour. Grandiose remake, terrifiant film d'épouvante, crados et magnifiquement bien fait, avec des effets spéciaux virtuoses et sublimes tout en étant répugnants ( abandonnez le numérique et revenez à cela, s'il vous plait ), tout dans ce film s'évertue à lui rendre un certain cachet, à lui offrir une âme que la plupart des films d'horreur actuels ne possèdent plus. Un grand film. Un classique qu'il vous faut voir.