Il arrive que les BAs fassent de la publicité mensongère. Ce qui est le cas de celle du film Le Bon Fils.
Vendu comme un thriller horrifique...
https://www.youtube.com/watch?v=Wv2Dg9LcNZo
Le Bon Fils est en réalité un drame psychologique.
Que raconte l'histoire?
Mark Evans (Elijah Wood), douze ans, perd sa mère victime d'un cancer. Au même moment, son père (David Morse) doit partir pour un voyage d'affaires au Japon. Ce dernier emmène Mark vivre temporairement chez son frère (Daniel Hugh Kelly) que Mark n'a jamais rencontré. Arrivé sur place, Mark rencontre sa tante Susan (Wendy Crewson) endeuillée par la mort de son bébé Richard et son cousin Henry (Macaulay Culkin) avec qui il crée un lien. Cependant, au fil des jours, Henry entraînera Mark dans des jeux très dérangeants...
...ou plutôt morbides; faire mine de laisser tomber son cousin dans le vide, assassiner un chien et jeter le cadavre de ce dernier dans un puits https://www.youtube.com/watch?v=NmsIvMQBDY0 provoquer un accident massif de voitures...
La première qualité du film est qu'il joue bien sur des paradoxes visuels. En effet, l'oncle et la tante de Mark vivent dans un environnement isolé, hivernal, rocailleux et hostile dans une maison bourgeoise bien proprette se basant sur le schéma papa-maman-enfants où l'on mange des mets délicieux...
...accueillant Mark avec un dîner d'homards...
...symbolisant ainsi le caractère morbide d'Henry caché derrière une facette de fils bien éduqué et faussement empathique.
Aspect également visible dans les vêtements où Henry porte une écharpe rouge sous un manteau bleu.
De plus, lorsque celui-ci se révèlera dans toute l'horreur de son caractère devant sa mère qu'il tentera d'assassiner, il sera vêtu de rouge et de noir.
Puisqu'on parle des couleurs et de leurs symboliques, Le Bon Fils fait une dichotomie entre les manières de s'habiller des deux protagonistes: Henry s'habille en rouge, symbole sanglant, tandis que Mark est toujours vêtu de bleu, symbole d'apaisement, s'affrontant tels un démon voulant semer le chaos et la tristesse et un ange tentant de chasser le démon en question pour apporter le réconfort et l'apaisement dans un environnement envahi par le mal absolu.
Mark, en plus de ne pas approuver les jeux cruels d'Henry, tente de protéger sa cousine Connie (Quinn Culkin) et sa tante Susan de la folie meurtrière de leur frère et fils.
De plus, d'autres couleurs symboliques sont présentes dans le film. En effet, lorsque la mère de Mark meurt devant ce dernier, la scène se déroule dans une chambre d'hôpital dans laquelle la mère mourante (Ashley Crow) est vêtue de blanc en disant à son fils qu'elle sera toujours auprès de lui. Plus tard, durant certaines scènes, la tante Susan est également vêtue de blanc et réconforte un Mark endeuillé par la mort de sa mère tandis que Mark pose des questions sur Richard, le fils décédé de sa tante.
Nous reviendrons à ces personnages plus tard.
Chose intéressante, contrairement aux films horrifiques/psychologiques/thriller comme Esther où une famille aisée endeuillée par la mort de leur enfant décidant d'adopter un enfant se révélant être un démon humain semant le chaos dans la maison, Le Bon Fils accueillant temporairement un enfant présenté tel "l'intrus" comme celui qui va devoir débarrasser la maison du démon étant déjà présent sous le toit d'une famille endeuillée par la mort d'un bébé...
...provoquée par ce même démon humain.
Puisqu'on parle du deuil, revenons sur les couleurs et leurs symboliques. Lors de l'enterrement de sa mère, Mark est vêtu de noir (ce qui est normal dans ce genre de contexte), couleur que l'on retrouve associée au bleu dans les vêtements de Susan durant ses moments de mélancolie où elle pense à son bébé décédé.
Nous avons ainsi affaire à deux personnages à la fois séparés et unis ne parvenant pas à faire leurs deuils respectifs de leur mère et fils; chose qu'on ne manque pas de leur rappeler durant l'histoire où la psy de Mark (Jacqueline Brookes) tente de lui apporter du réconfort pendant que le mari de Susan lui suggère de passer à autre chose. De plus, au fur et à mesure que Mark et Susan développent un lien affectif puissant, Heny devient jaloux de ce dernier...
...tout comme il était jaloux de son frère qu'il a lâchement et cruellement tué pour retrouver "sa place" de "fils préféré". Sans compter le fait qu'il tente de retourner la psy de Mark et ses parents, dont sa mère, contre ce dernier.
Résultat, il empêche "la mère" et "le fils" de "se retrouver" en les manipulant psychologiquement, semant des doutes entre eux ou en faisant croire qu'il est "l'ange" voulant le bien tout le monde...
...faisant semblant de consoler sa mère en pleurs dans la chambre où se trouvent les jouets et le berceau vide de Richard après avoir prétendu que Mark désirait dormir dans cette chambre.
Ainsi, les "liens familiaux par le sang" sont remis en cause pour laisser place à l'amour avant tout dans un final bouleversant où Susan abandonnera son fils biologique Henry, infanticide et fratricide, le précipitant vers une chute fatale et sauvera son neveu/fils spirituel Mark de cette dernière lors de la confrontation finale entre l'ange et le démon https://www.youtube.com/watch?v=Ftnw7DjBze0&t=9s
Tristement ironique, dans la réalité, Macaulay Culkin sombrera au fond du gouffre délaissé par le cinéma en se perdant dans les paradis artificiels et divers délits lui valant d'être incarcéré à domicile tandis qu'Elijah Wood s'élèvera dans une carrière (ceci dit avec des hauts et des bas) où il sera invité dans diverses émissions. Emissions où il n'hésitera pas à parler de Macaulay Culkin et de sa famille; "Le père de Macaulay était terrifiant" a-t-il dit confirmant ainsi que la famille de l'enfant-star déchu n'hésitait pas à se servir de cette "poule aux oeufs d'or" pour toucher de l'argent.
Mais Le Bon Fils n'est pas qu'une histoire de deuils auxquels il faut faire face et de liens brisés qu'il faut reconstruire.
En effet, le fait que l'histoire se déroule dans un environnement à la fois chaleureux et hostile démontre une critique de la bourgeoisie et du modèle de la "famille parfaite" aveugle gâtant trop leurs enfants...
...allant jusqu'à servir du homard au dîner à leurs enfants et leur neveu...
...au point que leur fils, ayant l'air d'un enfant bien élevé et sage, n'a ni limites, ni notion de bien et de mal au point de devenir un psychopathe malmenant ceux qui l'entourent par amusement et/ou pour avoir/garder des/ses privilèges d'enfant préféré pour avoir tout ce qu'il désire sans se soucier des conséquences.
Fratricide, vol d'un jouet du frère décédé lui ayant appartenu dans le passé, tentative de sororicide et de matricide...
Ajoutons à ceci la nature hivernale où la glace se brise sous les pieds des patineurs entraînés au fond de l'eau gelée ou encore les rochers sur/sous lesquels les crânes/corps se brisent dans le sang et nous voici avec la preuve que cette même "famille parfaite" n'a jamais fait face au monde extérieur et se retrouve démunie en dehors du foyer devenu une cloche de verre faillible.
Ainsi, Mark, en tant "qu'intrus" sans fratrie qui ne pourrait pas comprendre les "taquineries" entre Henry et sa soeur, et sans famille après la mort de sa mère et le départ de son père, a bien du mal à se faire une place dans ce monde illusoire où, à chaque fois qu'il fait tout pour révéler le vrai visage d'Henry au point de s'emporter et se mettre en colère, est traité d'enfant mal élevé impulsif qui ne devra compter que sur lui-même pour mettre fin aux agissements de l'enfant-démon déguisé en ange.
Enfin, les symboliques, c'est bien joli mais est-ce que ça veut dire que ça fait de Le Bon Fils un chef-d'oeuvre? Ben en fait non.
Si l'histoire est intéressante, le film en lui-même n'a pas toutes les qualités requises pour être un "bon film".
En effet, en dehors des deux protagonistes et de la tante, les autres personnages ne sont pas mémorables limités à des fonctions sans saveur et/ou des idiots. En particulier le lâche et fade père de Mark, l'oncle débile ou encore la psy idiote ne semblant avoir aucune idée de ce qu'est la psychopathie alors qu'elle est censée être psy diplômée.
Sans compter le fait qu'on voit bien que la soeur d'Henry (également soeur de Macaulay Culkin dans la réalité) n'est pas une actrice sa bonne performance étant aux abonnés absents.
Mais le plus triste est Macaulay Culkin lui-même. En effet, ce dernier alterne constamment entre le sous-jeu et l'implication sincère. Peu convaincant dans les scènes de froideur censées être effrayantes...
...(ce qui est dommage durant la confrontation finale où il essaie de manipuler psychologiquement sa mère pour qu'elle laisse Mark tomber vers sa mort et le sauve à sa place)...
...où il semble plus réciter son texte qu'autre chose mais plus impliqué dans celles de psychopathie non-dissimulées où sa performance semble plus jouissive pour notre plus grand plaisir.
Elijah Wood et Wendy Crewson, eux, sont plus convaincants et, surtout, impliqués dans leurs rôles respectifs leurs échanges étant plus sincères et touchants.
En dehors du jeu des acteurs, certaines scènes manquent de subtilité...
...comme celle où Mark dit à Henry que sa mère est de retour à travers celle de ce dernier
https://www.youtube.com/watch?v=QcL8OgZZiNo
C'est bien d'avoir du contenu mais c'est mieux de le mettre en place par le principe du Show don't tell au lieu d'hurler "Hé regardez! On a un propos intelligent. Hé! Hé! Vous avez vu?". En le disant directement, vous avez l'air plus prétentieux qu'autre chose.
Et dernier problème et qualité en même temps: la musique. Certaines sont un peu trop disnéennes alors que Le Bon Fils est interdit aux moins de douze ans.
https://www.youtube.com/watch?v=HE6xVilUS5c
Et même si certains moments musicaux sont bien appropriés pour des scènes de tensions...
https://www.youtube.com/watch?v=mVH9wQJ7Bbk
...certaines notes que vous entendez dans ces dernières pourraient vous sembler un peu trop familières.
https://www.youtube.com/watch?v=6gVKknt0jhk
Oui, c'est le même compositeur mais ce n'est pas une raison pour faire des contrefaçons de vos propres compositions monsieur Berstein.
Bref, un film avec un propos intéressant dans la théorie mais pas forcément à la hauteur dans la pratique.