Grand admirateur de Sergio Leone, le cinéaste Kim Jee-Woon tentait en 2008 de lui rendre hommage à travers une relecture déjantée du Bon, la brute et le truand. Présenté au festival de Cannes, le film sera à l'époque le plus cher produit par la Corée du sud et connaîtra un grand succès dans son pays.
Prenant comme toile de fond les prémisses de l'invasion de la Mandchourie par les japonais dans les années 30, Kim Jee-Woon brode un récit classique de vengeance et de chasse au trésor, n'exploitant que superficiellement son contexte historique. Ce qui ne l'empêche cependant pas de livrer un western délirant et survitaminé, fort agréable à suivre.
Tel un adolescent à qui l'on aurait donné les clefs de la maison et du garde-manger, Kim Jee-Woon se fait plaisir, utilisant le budget mirobolant mis à sa disposition pour offrir un spectacle grandiose et jouissif. Soignant son cadre et sa mise en scène, le cinéaste magnifie ses superbes décors naturels et met en boîte une poignée de séquences spectaculaires et euphorisantes, atteignant même des sommets en matière de pyrotechnie lors de sa dernière demie-heure.
Joyeux bordel grisant et doté d'une sacrée dose de non-sens, Le bon, la brute et le cinglé doit également beaucoup de son charme au talent de son trio vedette. Face à un sympathique Jeong Woo-Seong, faisant comme il peut avec un personnage un brin fade, Song Kang-Ho et Lee Byung-Hun s'éclatent comme des petits fous. Le premier est tout simplement génial en bouffon frappadingue quand le second explose la pellicule de son charisme incroyable dans la peau d'une pourriture intégrale.
Bien qu'un peu facile, Le bon, la brute et le cinglé est un bel hommage à tout un pan du western cher à Kim Jee-Woon, un film de sale gosse aussi drôle que divertissant, un savoureux cocktail d'action, d'anachronismes et d'absurdité mâtiné de violence qui fait un bien fou.