Le Bon, la Brute et le Truand par FPBdL
Clint a troqué le poncho pour endosser le manteau préféré des gangsters, l'imper qu'il ne quittera seulement pour la dernière séquence. Joe le Manchot se met dans la peau du Bon mais reste toujours le "sale fumier" qu'on aime.
Lee n'incarne par contre plus la morale réfléchie du précédent volet. Il est la Brute, ce tueur de sang froid qui ne recule devant aucune bassesse pour récupérer les dollars. Ce trait est marquant et ne cesse de s'opposer à l'idée que l'on avait de cet homme, assemblée minutieusement les deux fois auparavant.
Le Truand quand à lui, le Moche en réalité mais aussi un peu idiot sur les bords, est le parfait vecteur d'intérêt du film, auquel reste pendue cette quête alléchante.
Cet épisode tempère tout d'abord avec ses précédents. Les personnages sont équilibrés sur le plan scénario, se valant l'un l'autre, tour à tour, jusqu'à la conclusion. Le Manchot est cependant nettement moins emblématique ce coup ci. Il se trouve deux fois désarmé, deux fois derrière les barreaux et manque de crever dans le désert.
Il y a là un réel désir de Sergio Leone de fabriquer le mythe autour de ces trois personnages en leur donnant à chacun de très fortes prestations dans l'histoire et un point d'orgue très marqué. Le Bon, le passage du désert puis l'épilogue, La Brute davantage les premières images qui donnent les traits de sa personnalité obstinée et le Moche, sa débandade hystérico-onirique dans le cimetière.
Les plans serrés sur les visages graves sont plus que jamais présents, la tension aussi mais moins dans le corps du film qu'à ses extrémités, et il manque aussi et surtout le côté mordant de - Et pour qqles dollars de plus -, les fameuses scènes des chapeaux qui volent et cette gigantesque image de fin, la charette remplie de corps qu'il amène pour toucher les primes.
Ce dernier opus est monté à partir d'un scénario hyper travaillé, avec la volonté très forte d'ancrer les 3 personnages côte à côte dans la légende. Une première partie narrative qui leur est dédiée puis une seconde plus rythmée, avec une photographie exceptionnelle, immergée dans les combats de la guerre de sécession ou l'arrivée au cimetière qui révèle une camera généreuse donnant l'amplitude de l'image, à la mesure de l'indéfectible légende de Blondin.
Une plus grande performance technique.
Un très beau film qui clôture à merveille la trilogie, frisant de très près le chef d'oeuvre.