Est-il encore besoin de présenter "Il buono, il brutto, il cattivo" ? L'un des grands sommets du western spaghetti... voire du western... voire du cinéma tout court ! Comme on est sur un site de critiques, et qu'il existe (heureusement) toujours des néophytes découvrant à froid ce chef-d'oeuvre, la réponse est oui !
Ce final de la trilogie du dollar nous fait suivre trois belles crapules de l'Ouest, à la recherche d'un trésor juteux, en pleine guerre de Sécession. On retrouve avec plaisir Clint Eastwood, qui s'avère bien plus douteux moralement que dans les deux volets précédents, rajoutant davantage d'ambiguïté.
A ce niveau, il faut noter que le film est parfois considéré comme un préquel dans la trilogie du dollar, l'homme sans nom joué par Eastwood trouvant à la fin du film son fameux poncho, et aussi un peu de compassion.
Lee Van Cleef est également de retour... mais pour être utilisé à l'extrême opposé. Il n'est plus le mentor bienveillant de "Per qualche dollaro in più". L'acteur incarne l'un des plus belles raclures de l'Ouest. Entre son regard infernal et ses actes infâmes, il suffira d'une scène pour qu'il devienne le méchant que l'on adore détester !
Enfin, l'arrivée d'Eli Wallach est l'une des meilleures idées du film. Si son personnage de Tuco est un truand rustre qui parait ahuri, il est en réalité roublard et sacrément débrouillard. Avec ses mimiques incroyables et ses tics (son fameux signe de croix expédié !), Wallach injecte une dose d'humour et de bonhommie qui rend son personnage immédiatement attachant.
Ces trois personnages sont filmés avec maestria par Sergio Leone. Le réalisateur utilise les éléments classiques du western spaghetti : magnifiques panoramas espagnols représentant l'Ouest, gros plans sur des "gueules" chargées d'émotions (souvent déjà présentes dans les films précédents), violence expéditive, etc. Mais il va plus loin, lorgnant déjà vers sa future trilogie historique.
Car ce film se veut aussi comme un portrait cru de la guerre de Sécession. A travers un scénario malin et picaresque, nous verrons nos personnages errer de tableaux en tableaux. La plupart présentant des soldats miséreux, estropiés ou à moitié-fou. Sans compter les hordes de figurants et les univers qui fourmillent de détails, donnant un aspect véritablement épique à ce western qui devient une fresque épatante.
Et entre deux bons mots échangés par les protagonistes, l'autre star du film est évidemment Ennio Morricone. Le compositeur prolifique livre là une BO sublime, peut-être l'une de ses plus belles. Outre le thème principal ultra-efficace que tout le monde connait, c'est bien sûr la fameuse "Extase de l'Or" qui est devenu, à juste titre, un incontournable.
Les superlatifs ne manquent donc pas pour décrire "Il buono, il brutto, il cattivo", chef-doeuvre qui n'a rien perdu de sa force depuis sa sortie.