Le monde se divise en deux mon ami,...

... d'un coté ceux qui ont eu la chance de voir le film au cinéma, dans une vraie salle, en version originale donc avec pellicule argentique et un tirage de blanc correct adapté à l'écran, les vraies couleurs d'origines et le montage voulu par l'auteur ; et puis de l'autre, les malheureux qui ne pourront plus jamais avoir que la daube délavée et brunâtre qui a été produite pour inclure dans une version DVD quelques secondes de rushes que Sergio Leone n'avait pas jugé bon de conserver dans son montage ; quelques scènes qui n'ont pas été traitées comme le tirage couleur original du film et qui imposent une harmonie chromatique épouvantable à l'ensemble (en plus des couleurs délavées dû au vieillissement du support, lequel mériterait une restauration numérique totale comme My Fair Lady - belle réussite technique, ou d'autres).

[13 déc. 2023.]

Suite [24 sep. 2024] :

France 3 a présenté hier soir une version restaurée "4k", mais le panneau final insistait surtout sur la restauration audio qui permet de beaucoup mieux identifier les scènes qui ne font pas parties de l'original Léonien, ne serait-ce que parce que la voix de Clint Eastwood n'est pas du tout la même.

La différence en est risible.

C'est dire la qualité de la restauration.

Quand à l'image, les blancs sont plus blancs, certes, mais ça gomme la définition générale de l'image. Il y a une perte de netteté grotesque. Il n'y a plus de vrai noir. Les zones d'ombre ont été traitées pour meilleure lisibilité mais le résulte donne des lumière délavées, sans contraste, ce qui ne va pas du tout à ce western baroque. Le traitement des couleurs frise l'absurde : les bleus sont globalement désaturés, tirant sur des bleus pales. la plupart des scènes ont une tonalité verdâtre qui ne dénoterait pas dans une production de la Hammer des années 60s. Les acteurs donnent tous l’impression d'être à deux doigts d'une intoxication au carotène tant la couleur de leur peau tire sur l'orangé ! On atteint le sublime dans la bêtise colorée quand un des uniformes sudiste apparait rose, le comble. Je passerai sur les bavures rouges qui apparaissent sporadiquement.

Pour revenir au traitement du son, la musique elle-même est à peine reconnaissable. Ennio Morricone, décédé, ne peut plus donner son avis mais je pense qu'il aurait été horrifié par ce que c'est devenu. L'ensemble a été noyé dans un mixage moyen, sans netteté, où tout se vaut. Pire encore, le duel final où le morceau n'est même plus reconnaissable car des pans entiers du son ont été perdus. Heureusement la BO originale est toujours disponible, au moins dans ma collection de vinyles (donc en version année début des années 70) et de CD.