Sergio Leone clôt sa " trilogie des dollars " en apothéose. Les thèmes sont les mêmes : le cinéaste fait de l'Ouest une terre sans morale. Tous pourris, y compris l'ami Eastwood, qui a mis au point avec le Truand, dont la tête est mise à prix, un numéro très lucratif : il l'arrête, touche la prime et le libère aussitôt, partageant l'argent de la justice...
Leone dit sa haine de la guerre. Mais c'est dans la mise en forme qu'il est décidément le plus novateur. Son style n'a pas pris une ride : utilisation brillante de l'écran large, dilution du temps par un montage savant. Il pulvérise les codes du genre dont la grammaire baroque se décline à partir d'un attirail de règles immuables : plans-séquences étirés en longueur, immenses silences, utilisation du grand angle, zooms arrière et travellings à excès, le tout soutenu par une musique obsédante, celle de son compère Ennio Morricone. Le règlement de comptes final en est le parfait exemple, un duel à trois dans un cimetière. C'est un modèle du genre...
Avec une réelle virtuosité technique et un sens de l'action, du rythme, il joue de la violence, de la démesure et il fait du western une étrange aventure tragi-comique. Ce modèle d'intelligence, de virtuosité, d'humour et de violence baroque mérite, et il serait temps, que l'on y reconnaisse un grand moment du cinéma moderne !!!