À l'original. Et "Il Buono, il brutto, il cattivo" pour rester dans la tonalité spaghetti.
Troisième et dernier opus de la "trilogie du dollar".
Presque trois heures (2h51 exactement sur mon DVD) : c'est long, très long avec les "Ahhi Ahhi Ahhi Wha Wha Wha" chaque fois que Eastwood apparait, que tout le monde mais absolument tout le monde, du nord du Groenland au sud de la Terre de Feu, a entendu au moins une fois dans sa vie.
L'histoire, ici, est simple et peut se résumer à peu près à ceci : trois aventuriers sont à la recherche d'un important trésor caché on ne sait où. Mais pour y parvenir, la route est longue et (évidemment) parsemée d'embûches. Notamment il va même falloir s'engager et participer peu ou prou à la guerre de Sécession.
Il y a donc l'histoire principale mais qui est émaillée de scènes sans grand rapport comme la rencontre (sans guère d'émotion) de Tuco et de son frère, les cortèges de prisonniers de guerre sudistes, les longues scènes de champ de batailles parsemées de cadavres, une bataille (sanglante) pour un pont qui ne sert à rien …
Dire que j'ai eu apprécié ce film lorsque que j'ai "découvert" ou que j'ai commencé à me passionner pour le cinéma dans les années 75, à l'âge de 20 ans environ ! Mais avouons que, très rapidement, ces westerns spaghettis ont perdu de leur intérêt, à mes yeux, au fur et à mesure que je découvrais les "vrais" westerns américains classiques.
Parmi les points positifs, il y a incontestablement la mise en scène qui est très travaillée. Que ce soit en extérieur ou à l'intérieur d'une habitation. Rien n'est laissé au hasard. Comme la scène techniquement parfaite (champ/contre-champ) au début lorsque Lee van Cleef pénètre dans la ferme toute en longueur pour obtenir un renseignement. Ou comme la scène de la bataille pour le pont. Où Leone pousse l'humour à nous faire une exposition de plusieurs types de canon façon "bombarde" ou "grosse bertha" sans oublier l'indispensable (mais anachronique) mitrailleuse …
Autre point positif, c'est le message véhiculé sur l'absurdité des guerres. Ça n'a rien à voir avec la trame générale du film mais c'est toujours bon à prendre. C'est d'autant surprenant que c'est peut-être débile de faire la guerre mais complètement normal de flinguer à tout va comme font nos trois héros… A la décharge de Leone qui n'est pas américain (et donc ne peut pas savoir), c'est vrai que c'est plus utile de se battre pour du fric que contre l'esclavagisme. Allons, Jean, on se calme et on reprend.
Ce que je n'aime décidément pas dans ce film comme dans les deux précédents opus, ce sont les personnages pour qui je ne parviens pas à dégager la moindre empathie ni le moindre intérêt. Même si je prends tout ceci au second degré.
Tuco, c'est Eli Wallach, le mauvais garçon par excellence. C'est la cupidité qui lui sert d'intelligence. Il "remplace" Gian Maria Volonte qui était le "bad guy" des précédents films. C'est, avec un peu d'imagination, le clown de service avec ses vantardises et ses lâchetés. Accessoirement c'est le "truand" bien que les deux autres le soient au moins autant.
Lee van Cleef, devient un pur méchant (la scène avec la prostituée) par rapport à son rôle dans "et pour quelques dollars de plus" où il faisait (presque) preuve d'un peu de romantisme. Ici, c'est la "brute".
Quant au personnage de Blondie, c'est Eastwood qui jouerait le rôle du "bon". Enfin, façon de parler, parce qu'il est aussi expressif qu'un bon bloc de béton. C'est vrai qu'il donne une bouif de son cigare mâchouillé à un moribond. Et à la fin, je le cataloguerai plutôt dans le genre salopard. Et même mesquin.
Alors, oui, mais la scène finale, quand même, c'est un must, non ?
En effet, c'est la quintessence du western spaghetti : pendant de très longues minutes, trois gus se regardent en chiens de faïence et tournent sur une aire empierrée pour que le soleil ne les gêne pas trop. On peut d'ailleurs suivre tranquillement la position des ombres, tellement on a le temps (de savourer la scène). Disons-le encore, la mise en scène est impeccable entre les effets de zoom puis de gros plans sur les regards attentifs, … avec, au moment fatidique, des effets (bien connus) du mec qui tombe direct dans la tombe après une élégante pirouette. L'esthétique de la scène est même remarquable avec cette aire empierrée qui est une sorte de scène de théâtre autour de laquelle les tombes semblent, seules, spectatrices.
Oui, voilà, ce film a d'indéniables fulgurances esthétiques reposant sur une belle mise en scène et une non moins belle photographie. Il y a même un effet de boucle puisque Eastwood retrouve son poncho à la fin, laissant penser que ce film serait antérieur aux deux premiers …
Mais si je n'apprécie pas l'histoire, si je ne parviens pas à accrocher oui à adhérer aux personnages, à quoi, diable, ça me sert que le film soit beau et bien construit ? Il ne faut pas confondre "beau" film et "bon" film.
La note ? Je serais tenté, par rapport aux deux autres films, de mettre un point de plus pour payer le travail correspondant aux 2 h 51. Mais à l'inverse, le film avait des longueurs et des digressions qui m'intéressaient moins, justifiant plutôt un point de moins. Au final, je mettrai la même note, ce qui me permettra de joindre ce film aux deux autres dans ma liste des westerns … Pragmatique, le Jean …