Acmé crépusculaire et fin précoce d’un sous-genre, Le bon, la brute et le truand clôt la Trilogie du dollar. Bien que cent fois copié, il ne sera jamais égalé.
Sergio Leone reprend Clint Eastwood et Lee Van Cleef dans des rôles sensiblement différents. Blondin incarne un chasseur de primes froid et cynique, Santanza un tueur à gage sadique. Il leur associe un nouveau, Eli Wallach/Tuco, un expert en filouterie. Ne vous méprenez pas, malgré son sourire enjôleur et sa classe inimitable, Blondin n’est pas le moins pervers des trois
Les trois crapules sont mises sur la trace d’un trésor, 200 000 dollars, perdus par un régiment confédéré. Or, le magot est caché derrière la ligne de front. Le succès des deux premiers opus offre à Léone les moyens de réaliser sa grande œuvre, son « Autant en emporte le vent », avec son lot de villes bombardées, de massacres sans gloire et d’armées en déroute. Léone montre la guerre sous son plus triste jour. Sa caméra s’attarde sur les infirmeries abandonnées, les sévices et les exécutions. Tout y est sale et les règlements de comptes de nos compères s’avèrent bénins à l’aune des tueries étatiques. Au milieu d’une myriade de forbans et de victimes, le scénario nous offre trois seconds rôles positifs, un franciscain ayant fui la misère de sa ferme, un officier gangréneux s’épuisant à maintenir un semblant de justice dans un camp de prisonnier, un capitaine buvant pour oublier la stupidité des deux assauts quotidiens...
Demeurent la beauté des paysages, des répliques aussi rares que ciselées, la musique admirable de Morricone et un duel interminable, qui n’en finit pas de hanter la mémoire hallucinée du petit garçon que je fus et que je reste...
You see in this world there are two kinds of people my friend. Those with loaded guns, and those who dig. You dig.
Pour une poignée de dollars (1964)
...Et pour quelques dollars en plus (1965)