En France, nous avons deux références en matière d'aventures de capes et d'épées: "Les trois mousquetaires" d'Alexandre Dumas et "Le bossu" de Paul Féval. Les deux ont donné lieu à plusieurs adaptations cinématographiques.
Pour moi, la version de Philippe de Broca est de loin la meilleure. Compte tenu des raccourcis nécessaires à l'adaptation d'un feuilleton en film, cette version est la plus fidèle au roman.
Féval est un auteur qui a le sens des formules. On retrouve ces phrases dans le film et pas seulement le célèbre "si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi." On sent tout le plaisir que les acteurs ont à les dire.
Daniel Auteuil n'a pas la stature et la prestance d'un Jean Marais, mais c'est un véritable acteur, lui: "Les parisiens rient partout sauf à la comédie". Il semblerait que ce soit toujours vrai.
Jean-François Stévenin: "La cour des miracles c'est beau comme les évangiles, les aveugles revoient, les bossus se redressent..."
Philippe Noiret: "Quand j'ai du mauvais sang, cousin, je me le fais tirer".
Fabrice Lucchini qui jubile littéralement de jouer ce traitre sournois: "16 ans d'efforts, d'intelligence, de crimes pour en arriver là..."_ "Au fond, Judas...c'est un artiste! Un traitre gourmand de traitrise..."
Cette dernière phrase est d'ailleurs si luchinesque que je ne vois que deux possibilités: notre génial cabotin l'a ajoutée au texte, ou alors Paul Féval a écrit ce personnage en pensant à lui!
Quant à Marie Gillain elle a toute la fraicheur et l'enthousiasme spontané pour jouer un personnage qui est supposé n'avoir que 16 ans. Et je confirme pour San Felice qu'elle a de très jolies fesses.
Il n'y a pas de morale pontifiante. En fait celle de Féval est très élastique. On vante le courage, la fidélité à la parole donnée, l'altruisme ostentatoire, mais le héros arrondit ses fins de mois en louant sa lame comme spadassin et on n'hésite pas à spolier les petits porteurs pour faire briller la belle.