La belle et la bête !
Critique avec SPOILERS donc si vous ne l'avez pas vu ne lisez pas ce qui va suivre! Dans un petit village du Périgord,l'institutrice Hélène David (Stéphane Audran) et le boucher Paul Thomas dit...
Par
le 2 avr. 2018
21 j'aime
8
Attention, je dévoile une grande partie de l'intrigue dans cette chronique.
Dans Le boucher, Claude Chabrol convoque une France désuète et surannée, celle d'un petit village tranquille et jovial, proche de Périgueux, qui marie ses enfants sur une valse d'accordéon, celle d'élèves qui se lèvent comme un seul homme à l'appel de la maîtresse, laquelle possède un compte à l'épicerie du centre, sorte de boîte à cancans et informations diverses où viennent s'approvisionner des retraitées en blouses et fichus sur le crâne, celle où l'on se "fréquente" avant, éventuellement, de convoler, celle d'une sérénité provinciale scandée par la langueur des saisons et les dictées d'Honoré de Balzac...
Dans ce monde presque clos, Jean Yann et Stéphane Audran se rencontrent simplement lors d'un banquet. Provoquant la revoyure, ils s'interrogent et interrogent, dessinant avec beaucoup de tact et sensibilité leurs portraits intimes, leurs fêlures et traumatismes, et dévoilent qui une douloureuse rupture, qui un père abusif, qui les horreurs des guerres coloniales.
La survenue anxiogène de meurtres de jeunes filles conclut le tableau psychologique, peignant un formidable monstre à visage humain, sans esbroufe ni obscènité, psychopathe bonhomme pénétrant ses victimes de son cran d'arrêt tout en préservant leur chasteté, prétendant un peu gauche et touchant demandant l'autorisation d'un baiser mais déversant ses pulsions maladives, sa frustration et ses angoisses sur des innocentes. "Cro magnon était un homme parce qu'il avait fait évoluer ses désirs en aspirations" déclare à ses mouflets Stéphane Audran, les psychotiques aussi semble sous-tendre Chabrol...
Jean Yann campe magistralement ce boucher de campagne, ébloui par la remarquable Stéphane Audran, l'image de femme moderne qu'elle renvoie, ses pulls moulants, ses jupes mini, ses chemisiers diaphanes, et interdit devant son sentimentalisme pudique et désabusé.
Utilisant les atouts du village périgourdin, Chabrol capte adroitement deux atmosphères juxtaposées, le confidentiel d'une relation naissante et l'écho provoqué par la présence d'un tueur, pour les amalgamer ensuite dans un efficace climat de suspicion avec à la clé quelques scènes très sympathiques : Audran devant se remémorer toutes les portes d'entrée de son école pour courir les refermer, les battements du cœur symbolisés par le voyant clignotant d'un ascenseur qui finira inexorablement sa course ou encore la chasse aux champignons.
Chronique rurale authentique, film psychologique généreux persillé de policier:
un morceau de choix bien emballé.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de serial killers, Les meilleurs films sur un amour impossible, Les meilleurs films psychologiques, Les meilleurs films des années 1970 et Les meilleurs films de 1970
Créée
le 1 mai 2022
Critique lue 500 fois
18 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Le Boucher
Critique avec SPOILERS donc si vous ne l'avez pas vu ne lisez pas ce qui va suivre! Dans un petit village du Périgord,l'institutrice Hélène David (Stéphane Audran) et le boucher Paul Thomas dit...
Par
le 2 avr. 2018
21 j'aime
8
Concarneau-Périgord en deudeuche. Y a plus bandant comme trip et surtout plus confortable. La route me semble interminable, comme si on traversait l'Australie. Tonton Claude, lui, n'a plus aucune...
Par
le 19 févr. 2014
21 j'aime
7
Attention, je dévoile une grande partie de l'intrigue dans cette chronique. Dans Le boucher, Claude Chabrol convoque une France désuète et surannée, celle d'un petit village tranquille et jovial,...
Par
le 1 mai 2022
18 j'aime
3
Du même critique
Le casse du début de siècle, encensé par la critique et plébiscité par le public... Attention, je vais spoiler un poil.... S'il ne s'agissait de Mr. Eastwood rien ne serait pardonné à ce nanard...
Par
le 9 nov. 2014
33 j'aime
19
Le CNC serait bien inspiré de rénover ce film. La médiocrité du son nous oblige à tendre l’oreille pour profiter d’une merveille de dialogues et l’image supporte mal les contrastes pourtant...
Par
le 16 avr. 2021
21 j'aime
14
La BA ( disponible sur le site) dévoile la recette: 1/3 de suspense, 1/3 de comédie, 1/3 de romance, un cocktail parfaitement équilibré, sublimé par l'élégance absolue du réalisateur Stanley...
Par
le 16 avr. 2021
20 j'aime
7