Concarneau-Périgord en deudeuche. Y a plus bandant comme trip et surtout plus confortable. La route me semble interminable, comme si on traversait l'Australie. Tonton Claude, lui, n'a plus aucune notion du temps et du confort...
- "Tu veux bien me faire une pipe avant d'arriver mon grand ?"
- "Queâ ?! Une...pipe ?! Mais...comment ça ?!"
- "T'es aussi con qu't'en as l'air ? C'est pourtant pas compliqué. Tu bourres le foyer de tabac pis c'est tout ! J'me démerde pour le reste !"
- "Aaaah ! Mais oui bien sûr Claude !"
- "Autant te prévenir qu'il va falloir que tu sois un peu plus dégourdi face à mes potes Popaul et Hélène ! Sont pas du genre à faire des courbettes."
- "T'inquiète pas tonton, c'est juste que...enfin je...non, rien."
- "Alors cette pipe ?!"
Trémolat, Périgord, salle des fêtes. L'ambiance au banquet du mariage de l'instit' bat son plein. Ca picole, ça braille, ça danse, l'orchestre enchaine les musettes et des liens se créés autour des assiettes, particulièrement entre Paul le boucher dit "Popaul" et Hélène la directrice de l'école primaire.
Popaul est vétéran de l'Indochine et de l'Algérie, il a laissé trainer 15 ans de sa vie et de sa raison dans ces merdiers. Il a une pénible tendance à rabâcher gratuitement les horreurs qui l'ont marqué là-bas. Il est un peu bourru et mytho le Popaul, il était cantonné à la cantoche mais il a grand coeur. Son palpitant monte dans les tours quand il est en compagnie de Mademoiselle Hélène. Il parvient à la faire rire, à se rendre intéressant sans forcer son talent. Popaul n'est pas un goujat, il est patient et a des principes de gentlemen envers la gente féminine. Il l'amuse, elle, sa muse.
Hélène est classieuse et respectée, une élégante parisienne exilée au coeur éparpillé façon puzzle depuis une histoire d'amour qui a mal fini. La lady aux hypnotiques yeux verts est sensible aux attentions réconfortantes et platoniques de Popaul.
Ce bourg du Périgord est la capitale de la Paix jusqu'au jour où une femme est retrouvée poignardée et morte dans la région. Lors d'une sortie en classe verte dans la pampa, c'est Hélène qui découvre le cadavre de la jeune mariée dégorgée de son sang. Le choc est d'autant plus saisissant que gît sur la scène du carnage, le briquet qu'elle vient d'offrir à Popaul pour son anniversaire ! Malgré l'horreur des lieux et parce qu'elle ne veut ou ne peut y croire, elle s'empare de l'objet pour le cacher. Popaul ne peut être ce sanguinaire, ce barbare ! Il est si tendre, si aimable, si serviable !...
Bien que cloîtrée chez elle, traumatisée et terrorisée, Hélène consent à recevoir Popaul son dealer en réconfort. Il lui livre surtout un soulagement tsunamique ! En lui demandant de bien vouloir lui allumer son clope, Popaul extirpe de sa poche LE briquet anniversaire ! Cette flamme requinque la belle qui oublie la bête que lui inspirait le boucher...
A Périgueux, elle apprendra qu'une troisième victime s'est faite transpercée.
De toute façon, ce n'est pas signé Popaul !
Ca ne peut être lui !
N'est-ce pas ?...
- "Oh putain, non ! Encore une 2cv !"
- "Dis donc ! Elle est bien sympa Hélène de nous prêter sa tire ! C'est ça ou les transports mon con ! Tu imagines le labyrinthe que c'est pour regagner Paname d'ici ?"
- "Oh ! On va à Paris ?"
- "Ouais chez les sauvages ! Bon dis-moi, elle t'a plu cette virée en Dordogne ?"
- "La table est bonne, le climat sympa. Popaul un peu lourdingue avec ses anecdotes sur ces guerres qu'il est interdit d'étudier à l'école mais c'est un brave gars malgré tout et un bon boucher, il découpe la bidoche comme personne. La belle Hélène me fait penser à Sharon Stone, aussi inaccessible et dominatrice. Et encore plus à Catherine Tramell avec son troublant regard vert glacé qui te transperce comme un pic à glace !"
- "Allez, arrête de te palucher mon grand ! Pose ton joufflu et fais moi une pipe !"
- "Queâ ?!"
Mon humble cycle consacré à Chabrol est par ici : http://www.senscritique.com/liste/Tonton_Claude/395073