Malgré un âge avancé et une carrière d'une cinquantaine d'années derrière lui, Michael Curtiz continue de tourner à un rythme effréné et sort, avec Le Bourreau du Nevada, son vingtième film dans la décennie 1950.
Il en fera encore un en cette année 1959, et ici, il continue de s'adapter à son époque, signant un western à la fois désabusé, et avec un esprit plus léger par moment. Il s'arrête sur un Marshall qui va tout faire pour mettre la main sur un hors-la-loi ayant changé son identité, mais avec un compte-à-rebours et une femme qui vont s'en mêler. Le scénario est intéressant et surtout bien écrit, sachant se concentrer sur l'essentiel et surtout l'humain au détriment de l'action.
Au crépuscule de sa carrière, Michael Curtiz met en scène une atmosphère fataliste et prenante, avec une forte part d'humanisme planant sur le récit ainsi qu'un certain fond mélodramatique bien exploité. Il met plutôt bien en scène ce scénario astucieux ainsi que ses bonnes idées, à l'image du visage inconnu du bandit ou du rôle féminin qui va se retrouver entre le bien et le mal, bien que ces deux aspects puissent paraître assez flous.
Il sait prendre son temps pour mettre en place les enjeux et l'atmosphère, laissant le spectateur s'imprégner de l'ambiance. La photographie en noir et blanc est assez belle et surtout Curtiz se montre brillant dans sa direction d'acteurs. Robert Taylor propose une prestation désabusée à souhait, les seconds rôles lui rendent bien la réplique, et surtout, Tina Louise est aussi belle que convaincante dans un rôle assez humain, et fait ressortir toutes les émotions et dilemmes de son personnage.
En signant Le Bourreau du Nevada, Michael Curtiz propose un western mélancolique où l'humain est placé au centre, soignant parfaitement une atmosphère sombre et prenante, et dirigeant avec brio les comédiens, la jolie Tina Louise en tête.