De Palma a fait tellement de films cultes qu'on met trop vite de côté ses autres films. Et pour Le Bûcher des Vanités, se pose en plus une sale réputation, du fait que le film a fait un gros bide...
Il faut dire qu'on part de haut : Adapté d'un gros best-seller, avec un casting 5 étoiles, et un De Palma qui est encore auréolé du succès de Les Incorruptibles. Bref, ça ne pouvait que marché, sauf qu'en fait, non.
Seulement, avec le recul, le film n'a peut-être pas tant mérité cette volée de bois vert. Parce que déjà, c'est De Palma qui réalise, et son inventivité dans la mise en scène est toujours présente. Certes, il semble plus emprunté que sur d'autres œuvres, notamment (et bizarrement) sur des séquences qui sur le papier lui correspondrait plus, mais il reste au-dessus du lot en terme de technicité.
Ensuite, parce que le ton est le bon. Le bouquin de Wolfe est une satire qui, dans sa précision, n'échappe pas toujours à la part de fascination un brin malsaine qu'il y a à ainsi analyser un milieu, une société. De Palma expurge tout ça, et vire carrément à la farce. Plus encore que dans le bouquin, on a personne à qui se raccrocher, chaque personnage incarnant tour à tour hypocrisie, cynisme, égoïsme, bêtise, xénophobie et j'en passe.
On peut trouver que ça manque de finesse, mais ça fonctionne. Non, en fait, le seul petit défaut du film, c'est Tom Hanks, trop lisse, trop gentil pour son personnage. Bruce Willis s'en sort bien, et Mélanie Griffith est la parfaite incarnation du personnage du bouquin. Si on ajoute le reste du cast qui prend lui aussi à bras le corps cette dimension de farce, on a un film qui vaut bien mieux que sa réputation et qui méritait d'être redécouvert.