C'est assez difficile de critiquer un film dont on ne connaît pas les codes, premièrement par son ancienneté d'un siècle, puis par son titre de manifeste du cinéma expressionniste allemand (Brrr, ça donne pas envie...).
Alors oui, la technique n'en est encore qu'à ses prémices, le jeu d'acteur est caricatural afin de compenser le muet (ce qui semble ici être un choix artistique plus qu'une contrainte) et le rythme scénaristique est décati, néanmoins ce film est un petit bijou d'avant-garde sur deux points : sa chronologie scénaristique et ses décors, puisqu'il propose un retournement de situation final qui renvoie à l'ouverture du film (et au film tout entier) afin de le reconsidérer d'un nouveau point de vue -ce qui est un ressort particulièrement à la mode de nos jours - et chaque décor propose un véritable tableau vivant cherchant à brouiller les perspectives avec des lignes brisées et une absence de parallélisme (cela me rappelle beaucoup les films d'animation d'Henry Sellick et Tim Burton), ce qui rend le film d'autant plus plaisant à regarder, avec une superposition de filtres de couleur modifiant l'ambiance visuelle constamment. Le film a été restauré pour le son et l'image, alors pas d'inquiétude, cette oeuvre pionnière des films du genre n'est pas poussiéreuse !