Mais pourquoi donc avoir appelé ce film le caïman ?
Énigme que je n'ai pas encore eu le temps d'élucider... mais histoire de ne pas mourir idiot, la différence (comme avec les alligators) entre les crocodiles et les autres charmantes bestioles du même genre viennent essentiellement de leur habitat : on ne trouve les caïmans qu'en Amérique du Sud... Le crocodile est plus long (jusqu'à cinq mètres contre deux ou trois, et une mâchoire allongée en V avec des crocs extérieurs alors que la taille maximale du caïman est en U avec une mâchoire plus large et plus courte...
Ce film m'a étonnamment séduit, mais laissé perplexe en de nombreux points : ça a tout d'un film sur Berlusconi, ça parle de Berlusconi, mais ce n'est pas une biographie de Berlusconi !
L'histoire ? Je vous la fais courte, coup d’œil dans le rétro :
"Un producteur italien peu célèbre des années soixante-dix qui a raté son mariage, son rôle de père, de producteur de cinéma, travaillant sur une biographie peu ambitieuse de Christophe Colomb, (en un temps où tout le monde sait que la terre est ronde, et a son GPS) ...
change d'objectif (pas de la caméra) appâté par la proposition d'une jeune scénariste voulannt évoquer celle de Sylvio Berlusconi, célébrité italienne et médiatique que chacun connaît..."
Ça aurait pu être bien, très bien même, mais seulement voilà : on nous présente l'histoire d'une manière aussi décousue qu'un puzzle terminé... dont un chaton se serait amusé à disperser les morceaux aux quatre coins d'une pièce... Méthode "Assimil" préalable recommandée et à ne pas voir "à l'aveugle" comme je le pratique plus souvent...
J'ai même renoncé à comprendre à certains moments ! De toute façon, on s'en f..., on virevolte entre les soucis des concepteurs de films, leur vie de famille et de parents, de leurs démonstrations politiques, et de flash-back d'un Berlusconi analysé de manière satirique (Il Cavaliere) (1936-2023) ...que tout le monde a déjà oublié au profit d'Elon Musk...
D’ailleurs, la grande force de ce film brouillon est ailleurs, et notamment dans son casting...
L'interprétation de Silvio Orlando dans le rôle principal est en elle-même un régal, un petit chef d'oeuvre d'interprétation... Je ne dirais pas autant de bien de sa (fausse) femme : Margherita Buy... A contrario, celle qui joue la jeune scénariste : Jasmine Trinca est très prometteuse et nous ravit par sa juvénile simplicité !
D'une manière générale le casting est une grande réussite avec un choix judicieux : on s'y croirait....( "Tiens, voici des cadeaux pour tes enfants....")
Le scénario est du réalisateur assisté de Francesco Piccolo et j'ai déjà dit tout le mal que je pensais de son saucissonnage comme du montage.... Parlons-en du réalisateur : Nanni Moretti (1953/----) qui n'hésite pas non plus à coproduire cette œuvre et que Isabelle Adjani a qualifié de "Machiavel" : éminente personnalité italienne du cinéma européen, il est réalisateur, scénariste, acteur, producteur, directeur de salle (...)
On ne reprochera pas à la musique d'être intrusive : il n'y en a pas... Ou si peu... Le film du coup en semble plus sérieux et se suffit du reste à lui-même car, malgré sa complexité, il est naturel, plein de vie, et on intègre la vie de ce pauvre bougre de Bruno Bonomo aussi facilement que l'acteur qui l'immortalise... Les images sont de belles à superbes, et le nombre de plans qui se suivent sans s'attarder, jusqu'à en être syncopés, donnent beaucoup de rythme à cette aventure qui aurait pu être fastidieuse, laborieuse...
Ajoutez à l'ensemble cette pincée d'accent vocal italien qui vous donne l'impression d'être en vacances sur l'Adriatique, et vous comprendrez pourquoi j'ai été l'amant déçu de ce long-métrage...
Le succès, en tout cas en France, n'a pas été au rendez-vous : 233 865 entrées et, assez curieusement, une rentabilité mondiale de 135 %... Espérons que chacun des participants à ce film n'ait pas été payés avec la fausse monnaie qu'on peut y voir et qui ne leurrerait personne !
Un film un peu à part...
Quand vous voyez un corps de SDF émerger de la gueule d'un caïman, ne croyez pas forcément qu'il dort dans un sac de couchage Lacoste...
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Arte le 29.07.2024-20.08.2024-