Je dois avouer être très surpris au regard des autres critiques sur ce court-métrage de Méliès. Serais-je le seul à avoir vu une bonne version de ce film ? Ou alors, mon regard a arrivé à me ramener en 1903, n'oubliant pas le contexte et voyant encore une fois à l’œuvre, le génie supérieur de Méliès.
Il faut se rappeler qu'à l'origine (quelques années seulement avant le Cake-Walk Infernal) le cinéma est immédiatement conçu comme amusement pour les foires et les fêtes foraines. L'idée de projection spécifiques, séparée de l'amusement des fêtes, est encore rare. Méliès lui-même vient du monde de la prestidigitation, de ce fait, de nombreux courts métrages qu'il a réalisé portent la marque de ce milieu. On retrouve ainsi de nombreux numéros de clownerie et de magie dans les œuvres de Méliès qui profite bien évidemment de la "magie" du cinéma pour ses propres tours.
Avant le Cake-Walk Infernal, Méliès semble ne pas avoir réalisé d’œuvre sur la thématique de la danse, c'est chose faite avec ce court métrage de moins de 6 minutes. Comme d'habitude, là où le réalisateur lambda aurait pu filmer simplement des danseurs, Méliès y ajoute son originalité débordante en se faisant passer l'action en Enfer.
Le fan de Méliès reconnaitra immédiatement une thématique que Méliès aime : celle du diable. Le magicien du cinéma en profite immédiatement pour mettre en place une longue liste d'effets spéciaux tous très bien réussis, comme d'habitude.
Des boules de feu, des explosions, des apparitions, des remplacement d'élément ... Beaucoup de pyrotechnie dans ce show avec notamment pas mal d'arrêts de caméra, doté de très jolies cuts plus que réussis. On notera également un côté vraiment spectacle et certes, la danse est avant tout mise en avant, mais celle du Diable montre bien les folies de Méliès. Capable d'éloigner des parties de son corps ou de donner l'illusion que de face, le Diable a bien des pattes de bouc.
Je suis véritablement impressionné par le début et la fin de ce court-métrage, bourré d'effet spéciaux à la Méliès, très réussi, avec un décors magnifique, montrant tout le talent créatif.
L'histoire est évidemment absente, Méliès ayant préféré se concentrer sur la danse même, encore que, l'ouverture est déjà en soi une petite histoire, à condition d'ouvrir ses sens.