Le calvaire de Julia Ross est un film très peu connu en France, et son réalisateur, Joseph H. Lewis ne l’est guère plus, bien qu’il ait réalisé une bonne cinquantaine de séries B. Or ce film est sans doute l’un des plus réussis de son auteur. Il appartient au genre policier, et plus précisément au genre film de sombre machination, dans lequel se sont illustrés notamment Hitchcock (Rebecca), George Cukor (Hantise) ou Jacques Tourneur (Angoisse), pour ne parler que de films qui le précèdent. Et il faut bien dire que Lewis n’est pas loin d’égaler ses illustres prédécesseurs.
D’une durée étonnement courte, à peine plus d’une heure, le film est d’une incroyable efficacité : aucun remplissage, absolument rien à ôter. Le suspens ne faiblit pas une minute bien que le réalisateur nous dévoile dès le début qu’il s’agit d’une machination et que le spectateur en comprenne très vite les motivations. L’interprétation est excellente notamment en ce qui concerne Dame May Whitty en mère prête aux pires crimes pour protéger son fils, le contraste entre son aspect « charmante vieille dame à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession et la noirceur de ses desseins étant saisissant, et George Macready en inquiétant psychopathe. Bref une petite perle à découvrir absolument.