Rowland V. Lee n’est pas, comme d’aucun le pense injustement, un illustre inconnu digne de votre dédain.
D’abord, c’est le type qui a fait L’Or et la femme, un film dont j’ai dit ailleurs tout le bien que je pensais, ensuite, c’est quand même le mec qui a réalisé Zoo a Budapest, un film rien que dans un zoo, avec plein d’animaux partout, ça devrait beaucoup plaire à d’aucun, justement…
Et sinon, c’est un gentil tâcheron mais qui connaît son métier. Ici, chouette histoire de pirates entre Londres et Madagascar, un trésor enterré, un valet, une dame, un roi, un cavalier téméraire, une belle brochette de fripouilles, deux ou trois douzaines de trahisons, un galion plein d’or et de l’aventure maritime à gogo.
Comme canaille, Charles Laughton est toujours parfait, il porte le film à lui tout seul, il y a plein de gags sur ses manières de pourceau, sur ses cheveux, il a la lippe plus vicieuse que jamais et c’est un petit bonheur. Il est bien secondé dans l’ignominie par John Carradine, et tout cela pourrait être parfaitement adorable si le film arrivait un tout petit peu à décoller. En fait, la présence de Randolph Scott en héros laisse toujours un je ne sais quoi d’inachevé, ça manque cruellement de bondissant et de gouaille sur cette face de carême…
Mais sinon, c’est charmant, vraiment, pour les amateurs de films de bateau, c’est tout à fait recommandé. Et puis quand même si vous avez l'impresion d'avoir déjà vu ce genre d'histoires avant, c'est normal, William Kidd a vraiment existé et sa légende a inspiré aussi bien le Stevenson de l'ïle au trésor qu'Edgar Allan Poe, et c'est donc par les diverses ombres de l'histoire originelle que vous retrouvez ici un petit air de famille ma foi bien confortable.