Le succès du Bossu incite André Hunebelle l'année suivante à réunir à nouveau la même équipe technique dans le Capitan d'après le roman de Michel Zévaco, à reformer le duo Jean Marais-Bourvil qui a si bien fonctionné, et à installer le même charme suranné. A première vue, les 2 films se ressemblent ? pas tout à fait, cette fois le cadre historique n'est plus celui de la Régence en 1717, mais la minorité du jeune Louis XIII pendant la régence de Concini juste après la mort de Henri IV ; on est donc en pleine guerres de Religion, mais ça annonce encore de beaux duels à l'épée. Le duo vedette Marais-Bourvil semble prendre le même plaisir et fait preuve du même brio, l'un par son dynamisme, l'autre par sa fantaisie, on sent leur complicité.
Co-production franco-italienne oblige, le premier rôle féminin est confié à la jolie Elsa Martinelli, et le rôle de Concini à l'excellent Arnoldo Foa, habitué du cinéma bis à Cinecitta, qui parle un français avec un bel accent italien, ce qui sied à merveille pour cet infâme personnage ; son âme damnée, Rinaldo échoit au non moins excellent Guy Delorme, échappé de la troupe à Claude Carliez, ce qui signifie qu'il est aussi bon escrimeur qu'acteur et expert en fourberie, il se spécialisera d'ailleurs dans ce type de rôle qu'il remplit avec délectation ; par rapport au Bossu où il n'était qu'un vulgaire spadassin avec une scène assez furtive, son rôle ici est bien plus consistant, et son duel final avec Marais sur les hauteurs du château de Pierrefonds, est acharné et vaut largement les duels hollywoodiens.
L'autre morceau de bravoure est l'ascension des murailles du château de Val (situé en Auvergne) par Jean Marais qui décidément multiplie les exploits (même si dans les plans larges, il est doublé par un cascadeur). J'ai reconnu aussi les châteaux de Biron et de Beynac situés en Dordogne non loin de chez moi, c'est toujours plaisant à voir dans un film.
Charme, prestance, panache, humour bon enfant sont parmi les nombreuses qualités de ce film qui est une réussite aussi brillante pour moi que le Bossu, bref un pur régal !