Petit film noir bien troussé par ce tâcheron de Hathaway sur un scénario de Ben Hecht qui entraînera deux remakes, un en western et un avec Nicolas Cage, et qui reste surtout dans l'histoire pour la composition hallucinée de Richard Widmark dans un premier rôle qui l'enverra d'emblée dans la course aux oscars du meilleur second.
Victor Mature, toujours trop luisant et gominé pour être parfaitement supportable, joue le dur de dur qui se refuse à moucharder la pègre malgré les appels du pied de ce Brian Donlévy de procureur adjoint jusqu'à ce que...
Le gardien de la loi du silence est donc ici interprété par un nouveau venu au visage élastique de grenouille psychopathe et au gloussement terrifiant de sadique dégénéré, il n'aime pas les femmes, les infirmes et les mamans, s'il tombe un jour sur les trois en une personne, je n'ose imaginer le pire... Ce n'est rien de dire que Widmark bouffe tout l'écran d'entrée avec un méchant mémorable à vous glacer le sang et il faut tous les souvenirs de sa carrière postérieure pour dépasser le malaise engendré par cette folie plus vraie que nature... Victor ferait mieux de se tenir sur ses gardes...
Le film est très fier de ses décors réels et c'est vrai que le souci de la reconstitution est un des points forts du film, avec de jolies trouvailles, comme le fait d'éliminer du montage le personnage de l'épouse, un braquage à suspense, des ellipses inattendues et l'ambiance interlope habituelle... Avec ça, une voix off féminine intermittente peu convaincante, trop de pathos pour le père de famille et deux trois défauts de rythmes qui empêchent le film de viser plus haut...
Mais bon, tout le monde s'en fiche, on veut juste voir Widmark en pervers glaçant d'anthologie et il fait ça merveilleusement bien...