Poussez, mais silencieusement !
Aujourd'hui, un tel film ferait rire de par son sujet, mais à l'époque, il était osé sur plusieurs points ; celui de prôner l'accouchement sans douleurs, d'aller contre la volonté machiste qu'une femme devait OBLIGATOIREMENT souffrir pour donner la vie, et, le plus intéressant, le droit des femmes à disposer de leur propre corps. On ne va pas jusqu'à l'avortement, mais c'est quand même suggéré à plusieurs reprises. Rien que ça, le film part sur de bonnes bases.
Ensuite, Gabin, débarrassé d'Audiard, est d'une sobriété incroyable, tout droit sorti d'un film de Robert Bresson, et il faut dire que le stoïcisme lui va très bien ; il incarne avec une nonchalance très satisfaisante un docteur prônant sa bonne foi, mais tout en douceur, sans vouloir à l'imposer aux autres, alors que ce sont les habitants du village qui s'agitent tous autour de lui et de ses idées soi-disant contre-nature.
Avec un sujet si sérieux, Le Chanois ose aussi des scènes comiques autour des habitants du village, où on les voit s'engueuler comme on s'engueulerait chez Pagnol, avec un accent du Sud si caractéristique. Cela dit, le comique va parfois un peu trop loin, surtout à la fin, où la recherche d'une voiture pour faire accoucher une fille part dans un burlesque un peu forcé.
Je pense que pour apprécier ce film, il faut le voir dans le contexte de l'époque, où les droits de la femme étaient réduites à peau de chagrin.