S’il se dit actuellement que Le Cas Richard Jewell fait d’ores et déjà parti du haut du panier du catalogue du Clint Eastwood réalisateur, c’est qu’il réunit deux qualités qui faisaient défaut à la plupart de ses films depuis Gran Torino : l’humour et l’ambivalence.

L’Amérique selon Eastwood a pris du plomb dans l’aile depuis le final tant décrié d’American Sniper et le démonstratif 15 :17 pour Paris : dans Le Cas Richard Jewell, chaque parti en prend pour son grade. Mais ce qui s’annonce au départ, de façon assez jouissive et colorée, comme un concours de tocards, se transforme petit à petit en manège des désillusions. Les masques tombent, et tout le monde révèle sa part d’ombre, ses faiblesses, mais surtout son humanité.

En faisant ainsi évoluer la caricature vitriolée (et parfois tordante) vers le drame choral et intimiste, Eastwood retrouve à 89 ans le goût pour une certaine forme de jouissance cinématographique (amorcée par la légèreté de La Mule), entre numéros d’acteurs flamboyants, narration au cordeau et saillies comiques inattendues. C’est impressionnant.

Francois-Corda
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le 8 mars 2020

Modifiée

le 5 juin 2024

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François Lam

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