J'aime les blagues de Texans, j'aime le personnage de Roy Bean, j'aime l'accent traînant du sud, mais j'ai du mal avec Walter Brennan. OK je suis un prof, donc vaguement de gauche, en tout cas suffisamment pour ne pas trop aimer les républicains convaincus. Et je n'y peux rien, mais dès que je le vois, jeune ou vieux, j'ai un mouvement de recul. Et puis il a beau être bon, il a trop été utilisé jusqu'à la corde comme "comic relief" pour son propre bien.
Il n'empêche que pour une fois, il tient ici un des premiers rôles, et qu'il joue fort bien. Il a le bon goût de laisser suffisamment d'espace à Gary Cooper pour exister, dommage que les autres acteurs ne soient guère bons (la plupart des seconds rôles sont décevants). Le personnage de Cooper est intéressant, n'hésitant pas à mentir à un peu tout le monde, et restant attaché à sa liberté. La dernière scène, avec Coop' installé dans une maison, fait d'ailleurs assez artificiel.
Il n'en reste pas moins que voici un western où presque aucun coup de feu n'est tiré, du moins avant le duel final, assez original. Il y a pas mal d'humour au début (le croque-mort qui prend les mesures de Coop' ; le cheval appelé à témoigner ; les condamnations fantaisistes de Roy Bean ; l'alcool décapant). C'est étrange, car cet humour se perd vers le dernier tiers du film, avec la destruction des champs par les méchants éleveurs.
Foin de réalisme, il faut du truculent. La ville est donc plus un décor qu'un espace vécu, contrairement à d'autres westerns. Wilder pense plus en terme de découpage que de représentation de l'espace. Les paysages sont fort beaux, notamment ces montagnes qui se découpent en arrière-fond. Il y a un beau travelling arrière en plongé dans la scène du théâtre avec Lily Langtry. Le duel final est un climax réussi, avec une résolution haute en couleur.
C'est un western drôle, avec de bons moments, mais pas non plus un chef d'oeuvre.