Que resterait-il du film sans les dialogues de Michel Audiard, sans la présence une fois de plus patriarcale et un rien figée de Gabin, et surtout sans celle de Bernard Blier? Sans doute une série noire sans ressort, vaguement parodique mais pas très inspirée dans sa mise en scène.
Il est vrai que le florilège de bons mots, de métaphores toute personnelles dont Audiard illumine le récit suffit amplement à entretenir le souvenir flatteur que je conserve du film de Grangier. Blier est formidable et se trouve à l'origine des scènes les plus drôles
La fabrication laborieuse de fausse monnaie que ce tenancier de maison close met en route donne lieu à d'irrésistibles échanges tout en jouant des paradoxes qu'Audiard aime à placer. Ses personnages de truands sont des conservateurs toujours nostalgiques des temps anciens où on savait y faire et, surtout, avec la meilleure foi du monde, semblent trouver légitimes leurs escroqueries et leur fonction sociale. C'est, indépendamment des textes, leur grand capacité parodique.