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Cinq ans après son dernier film (Jurassic World : Fallen kingdom), Juan Antonio Bayona revient pour un nouveau long métrage, destiné cette fois-ci au petit écran, exclusivement sur la plateforme Netflix. Pour son retour, Bayona fait le pari de raconter l'histoire de cette équipe de rugby uruguayenne dont l'avion s'est crashé au plein milieu des Andes, et dont une partie a survécu durant plus 70 jours en étant contraints de pratiquer le cannibalisme. C'est un pari car cette histoire a déjà été adaptée et réadaptée au cinéma, notament par Frank Marshall avec son plutôt bon "Les survivants", sorti en 1993. Avec "Le cercle des neiges", Bayona parvient à faire mieux.

Même si l'histoire de ces survivants est bien connue, elle est tellement incroyable qu'il faut être idiot ou manchot pour ne pas faire un film intéressant sur ce sujet. Forcément, on est interloqués par ce qu'on regarde. En ce sens, "Les survivants" était agréable à regarder, mais quelque chose m'avait gêné lors de mon visionnage : le film était trop "feel good". Les expéditions semblaient toujours faciles, la bonne était toujours de mise, le froid et la faim ne semblaient pas si dur à supporter, ... Tout ces problèmes, Bayona les a réglé.

Dans "Le cercle des neiges", Bayona parvient à nous faire ressentir l'isolement de l'épave au milieu de ces montagnes, mais aussi la dureté de la situation vécue par ces gens. On voit l'intensité du froid, de la maladie, de la faim, notamment grâce à des très bons maquillages et a une volonté de réalisme. La caméra est souvent posée dans des endroits exigus ou vraiment proche des visages, ce qui nous fait presque ressentir la suffocation causée par une avalanche.

Le processus psychologique des survivants est assez bien traité tout le long du film, et ce aussi lorsque la question du cannibalisme arrive. On comprend vraiment le cheminement mental de chacun pour en arriver là. Le sujet est largement montré, sans jamais tombé dans le putacié. Le film ne s'amuse pas à faire du gore ou de l'extravagance. En fait, j'ai trouvé que le film était très respectueux envers toutes les victimes, et ce tout le long du film.

Citons encore le travail du son (notamment lors de la scène du crash où l'angoisse est à son paroxisme), le jeu des acteurs uruguayens tous inconnus au bataillon mais tous ultra investis, et un questionnement sur la foie chrétienne omniprésent et intéressant, qui amène une dimension supérieure au film.

Bref, Bayona nous offre un grand film qui aurait mérité d'être découvert en salle de cinéma, mais qui ne connaîtra pas cette exploitation, et c'est sans doute là son plus gros défaut.

Loeil-de-Lynx
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le 7 janv. 2024

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Loeil-de-Lynx

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