Das Lehrerzimmer (la salle des profs) de Ilker Catak est un film allemand qui a fait pas mal de bruit dernièrement (il était notamment nominé aux Oscars pour le prix du meilleur film étranger). Plébiscité pour son côté social, jugé trop rare dans le cinéma de nos voisins germanophones, le film se déroule dans les murs d'un collège.
J'ai beaucoup d'intérêt pour les films qui parlent du milieux scolaire, car je trouve qu'il y a beaucoup de choses qui se jouent dans cet endroit, mais les résultats sont loin de se valoir les uns les autres. Souvent, on se retrouve dans des endroits qui sont tout sauf des écoles, avec des personnages qui ne ressemblent en rien aux professeurs ou aux élèves que j'ai connu dans la vraie vie.
Ce n'est pas le cas de La salle des profs. Ce film à beaucoup de qualités, à commencé par son personnage principal. On a affaire à une jeune prof investie dans son métier, pleine de bonnes intentions et de belles valeurs. Mais cette femme n'a pas que des qualités, comme tout être humain, elle possède des contradictions et tente de composer au mieux avec celles-ci.
C'est le cas d'à peu prêt tous les personnages, on croit en ces profs et en ces enfants, parfois violents ou offossants, parfois aidants ou sympathiques, les uns avec les autres.
Mais ce n'est pas ça le plus intéressant du film. Les actions de ces personnages sont influencées par l'environnement dans lequel ils se retrouvent. Appuyé par un choix de cadre carré, écrasant les personnages, c'est le "système scolaire" qui dicte les comportements. Ce système, cette structure, détermine les interactions des personnages, il modifie celles-ci.
Ainsi, Carla a beau être munie des meilleures intentions, elle se retrouve à devoir respecter des procédures avec lesquelles elle n'est pas d'accord. Les élèves se comparent les uns les autres, la direction blâme,... Bref, le poids de la structure est partout.
Après une première moitié d'une grande justesse, le film s'éloigne peu à peu du réel qu'il mettait en scène en faveur de la narration. Je regrette un peu ce choix et ce manque de radicalité, mais je trouve que le film parvient à ne pas travestir son message, et ça lui permet de gagner en rythme et en intensité, ce qui lui donne un côté plus accessible. Et c'est sans doute grâce à cette accessibilité que le film parvient à faire autant parler de lui, et donc à diffuser son message. C'est donc un mal pour un bien.