Polar typique de ces années-là, Le Cercle noir embrasse tous ses thèmes : la mafia, les communautés noires et hippies, le Vietnam, la violence des antagonistes, la violence de la police, les méthodes expéditives, les bons mots, les poursuites en voiture, rien ne manque. Ramassé en 1h30, ce film de Michaël Winner ne s’embarrasse pas de psychologie. On ne sait d’ailleurs rien de son personnage principal, si ce n’est qu’il n’est pas commode et pas bien vu de sa hiérarchie.
Autant dire que tout est ici sacrifié à l’action donnant au film un rythme trépidant où ça dézingue à tous les étages (au risque même parfois de faire ralentir l’avancée de l’enquête). Entre quelques bons mots de l’ami Bronson, quelques exécutions gratuites, quelques fusillades et quelques très bonnes courses-poursuites (notamment celle en voiture et à moto), on assiste à un spectacle exclusivement masculin qui ne fait pas dans la dentelle même s’il pose des bornes à son entreprise (on ne versera pas ici dans le racisme).
Ce produit très calibré, nerveux et pétaradant parvient ainsi à faire oublier en partie la faiblesse de son intrigue, véritable point noir de l’ensemble. Cette sombre histoire de vengeance dans la sphère mafieuse manque de crédibilité et d’intérêt si bien que le cerveau de l’affaire semble toujours évoluer dans un autre univers que celui du film. Un sentiment que la fin abrupte renforce davantage mais qui rappelle en creux l’objectif de l’entreprise : faire un polar tendu et violent où l’action prime. Les amateurs de série B s’en réjouiront ; les amateurs de polars qui ont vraiment quelque chose à dire s’en désoleront.