Corey (Alain Delon), un malfrat, est sur le point d'être libéré pour bonne conduite. Le gardien-chef de la prison lui propose une affaire . Pendant ce temps , Vogel (Gian-Maria Volonte) est escorté par le commissaire Mattei (Bourvil) . Malgré la vigilance de ce dernier, Vogel s'échappe....
Après "L'armée des ombres" ,Melville revient au polar. Il a en tête un casting plus qu'attrayant: Lino Ventura en Mattei, Paul Meurisse en Jansen et Jean-Paul Belmondo en Vogel. Mais tous les 3 refusèrent ne voulant plus travailler avec ce réalisateur talentueux mais tyrannique sur les tournages...
La distribution va s'avérer être encore plus surprenante avec tout d'abord Yves Montand en ancien flic alcoolique et corrompu (quel contre-emploi ! il est d'ailleurs étonnant ), Gian-Maria Volonte qui était connu pour ses westerns italiens où il jouait déjà les méchants (pour une poignée de dollars, et pour quelques dollars de plus , le dernier face à face ...) rajoute un nouveau malfrat à sa liste mais se montre beaucoup plus sobre qu'à l'accoutumée ce qui ne l'empêche pas d'être tout aussi excellent, Alain Delon joue à nouveau un bandit à la perfection . Et puis bien sur Bourvil.
L'acteur était gravement malade mais il refusa de se faire doubler (notamment la scène du train où il doit courir ) et donna à l'équipe une véritable leçon de courage. Et une interprétation impressionnante . Incontestablement un de ses meilleurs rôles.
Et puis parmi les seconds rôles on notera François Périer qui avait déjà joué chez Melville (Le samouraï), Paul Crauchet ...
Ce qui frappe le spectateur est l'absence de femmes, excepté l'ex de Corey mais on ne l'entend pas....
Le spectateur assiste à un pur film melvillien: les 7 premières minutes sont muettes comme dans "Le samouraï", la frontière entre le bien et le mal est plus que mince à travers l'ancien flic corrompu et certaines méthode du commissaire Mattei , les personnages sont des solitaires...
Melville est au sommet de son art. La scène de l'évasion de Vogel du train est remarquable. Mais le morceau de bravoure est le casse de 25 minutes totalement muettes (ça peut en dérouter certains : plus jeune je n'avais pas apprécié ce polar en parti à cause de cela !) mais pleine de tension . Du grand art. Et bien sur le final d'anthologie....
"Le cercle rouge" est , dès sa sortie, devenu un classique instantané comme plusieurs des films de Melville d'ailleurs. Outre la critique, le public va adorer ce film qui est le plus gros succès commercial du cinéaste avec 4 millions 300 000 entrées. Ce film, comme "Le samouraï" , inspirera de nombreux cinéastes comme John Woo et aura la reconnaissance de beaucoup de grands réalisateurs comme Tavernier ou Tarantino. Un vrai classique du genre !