Au début je me suis dit «tiens, en voilà un bon film pour gens qui veulent pas ouvrir un bouquin». Tu prends un sujet un peu chiantos, mais essentiel, puis pour faire passer la pillule, tu mets des tas de n'enfants gentils, tout mignons et la musique qui va bien... T'oublie pas non plus de bien carresser le spectateur dans le sens du poil : «Regardez, si on assoit les enfants sur des ballons, ils se développent beaucoup mieux. Mais toi, l'adulte français, on t'a collé le cul sur une chaise en bois. Alors oui, tu es dépressif, asocial et globalement un loser, mais ne culpabilise pas : c'est la faute de tes parents qui ne comprennent rien au neurosciences». Ha ouf, merci, je vais mieux. J'ai vaguement l'impression qu'on me prend pour un con, mais ça reste assez bénin jusque là. N'importe quelle pub pour Microsoft fait ça.


Après le film a commencé par m'irriter un peu. Les neurosciences dans l'éducation sont un sujet qui m'a passionné dans mes études et qui est vraiment important pour mieux apprendre. Du coup ça devient un peu frustrant que l'apprentissage indutif soit réduit à «en France on a pas trop le droit de se tromper» . Mais ça aurait été con de se priver de la scène de la poutre—on a tous eu un problème de poutre dans notre enfance— où les enfants peuvent se péter la gueule à souhait. C'est beau, on dirait une pub pour la Maif, j'en ai une petite larme.


Et puis là, après un passage bien mystifiant qui commence à sérieusement te faire douter, arrive la conclusion : il faut laisser les lois naturelles de l'enfant gouverner. Comme par exemple faire courir ton môme sur la plage comme dans une pub Danone, au cas où t'aurais pas encore compris. Si tu veux apprendre à tes enfants à mieux rater, à se servir aussi de leur corps, c'est pas du tout parce que ça aide à leur donner la vie que tu souhaites. C'est parce que c'est naturel en fait. Ton choix tu te le carre au cul please, c'est le plan de l'univers qui veut que tes enfants aillent à la chorale, jouent aux abeillent et disent «merci les jambes». Et pas que les californiens qui mangent des graines, même les texans (sic!). Tout ça après avoir interviewé plein de scientifiques, qui te disent que ce sont les interactions sociales qui définissent le développement du cerveau… hé ben voilà, c'est cadeau, le film te dit que c'est scientifiquement prouvé qu'il existe des organisations sociales naturellement bonnes pour le cerveau (sick !). Le genre de truc qui n'a jamais laissé place à aucune dérive…


À force que tout ressemble à une pub, on finirait presque par se demander ce qu'on essaie de nous vendre. Enfin bon, l'important, dans un film sur le cerveau des enfants, c'est de ne pas surestimer celui du spectateur…

Étienne_B
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le 23 mai 2018

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Étienne_B

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