Avez-vous vu cet homme ? - Jour 21

--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au vingt-et-unième épisode de la sixième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :

https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163

Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :

https://www.senscritique.com/liste/The_Invisibles/2413896

Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---

Fichtre, diantre, saperlipopette, flûte et zut mais qu'est ce que l'homme invisible peut bien vous avoir fait de mal pour que vous mettiez à chaque fois un point d'honneur à le rendre ridicule et inutile ? Une créature invisible dans la Planète interdite : super stylée. Harry Potter vêtu de sa cape d'invisibilité : super tendance. Mais un être humain intrinsèquement invisible : nope, ringard. Pourquoi ?!

Donc reprenons. Forte de ma découverte de la veille, reboostée, prête à tout pour enfin venir à bout de ma quête, j'entamais ce soir, sans la moindre crainte, la suite de la superbe Planète Interdite : Le cerveau infernal (Invisible Boy en VO, je n'aurais jamais pensé écrire ça un jour mais je crois que je préfère le titre français, qui a au moins la pertinence de ne pas axer son argument marketing sur un gadget débile et inutile). De "suite", le film n'en a que le titre, un fort lointain passé (« mais c'était il y a 3 000 ans ! ») et un Robby le Robot décidément au top de sa fame à la fin des années 50. Donc 3000 ans après avoir conquis l'espace, l'être humain a inventé l'ordinateur... Mais attention pas n'importe quel ordinateur, un ordinateur super-puissant qui fait de la lumière ! La notion d'écran doit être devenue désuète, puisque notre ami l'ordinateur n'en a pas, il s'exprime uniquement par la parole, ambiance Google Traduction. Du reste, il me fait un peu penser à l'ordinateur inventé dans H2G2 qui pourrait trouver la réponse à la question du sens de la vie, et peut être même aussi la question. Mais les humains un peu fadasses du Cerveau Infernal se contente de « est-ce que les Russes vont m'attaquer si j’envoie une fusée sur la lune ? » et de « est-ce que tu peux apprendre à mon gamin à jouer aux échecs ? ». Donc l'ordinateur machiavélique hypnotise le gamin avec ses super lumières magiques et en fait un génie. Mais comme personne ne s'en rends compte (« tiens c'est curieux, j'ai demandé à l'ordinateur de lui apprendre à jouer aux échecs et il me bat ce soir pour la première fois... Hum... L'ordinateur a probablement refusé de lui enseigner quoi que ce soit... » ; « tiens, mon cancre de gamin vient de réparer un super-robot de l'espace avec un tournevis alors qu'aucun de mes ingénieurs n'avait réussi avant lui ? Alala, les jeunes, qu'est ce qu'ils sont déterminés quand ils veulent un nouveau jouet ! »), Robby, devenu le laquet secret du méchant ordinateur du futur, rends le mioche invisible. Et c'est là que ça aurait pu devenir intéressant : après deux ou trois farces que tout enfant de dix ans aurait fait dans la même situation, les parents finissent par se rendre compte de la supercherie, et le père, l'un des premiers geeks de l'histoire du cinéma, ce qui va évidemment de fait avec la lourdeur du trait de caractère et l'absence totale de nuance, a cette sortie formidable : « il fait certainement ça pour se faire remarquer ». Donc l'invisibilité permettant de se rendre plus visible, il y a un sujet de fond à creuser, non ? Bah non, après le mioche part sur la lune, il redevient visible, Robby redevient gentil grâce au pouvoir de l'amitié, et rien ne change, même pas la famille américaine idéalisée des années 50, malgré le fait que le père ait été prêt à livrer son fils à la torture sous les yeux de sa brave ménagère. Évidemment en plus de ce message nauséabond, à base de « oulala le progrès nous mènera à notre perte ! » et de « les femmes c'est bon à faire l'amour et la cuisine », rien de l'intrigue ne tient debout. A aucun moment on ne nous explique pourquoi l'ordinateur est devenu méchant (à la base j'entends, pourquoi est-ce qu'il a commencé à filouter pour orienter les humains jusqu'à lui donner une conscience ?), pourquoi est-ce que lui n'est pas soumis aux lois de la robotique d'Asimov (franchement les gars, vous vous vantez d'avoir un système de sécurité à toute épreuve grâce à un code de sécurité (waw!), mais vous oubliez un truc aussi basique?), qu'est-ce que ça lui apporterait finalement à lui l'ordinateur de se mettre en orbite autour de la Terre pour soumettre l'humanité à l'esclavage (au moins dans Frankenstein le souhait de la créature est naturellement compréhensible car il passe par l'émotion, mais là un ordinateur, par nature ça ne désire rien, pas même le pouvoir), ni surtout pourquoi, alors qu'il a réussi à implanter des puces électroniques diaboliques dans le cerveau des dirigeants de la toute puissante Amérique, pourquoi diable n'a-t-il pas fait mettre l'un de ces transistors magiques dans le cerveau de son créateur pour récupérer son code de sécurité à la source ? (t'as essayé « 1234 »?)

Bref rien ne va, et surtout pas l'invisibilité qui n'est là que pour nous servir deux trois effets spéciaux gadgets en plus.