Il arrive parfois que même les films soient plus ambitieux que ceux qui les fabriquent. "The Invisible Boy" (1957), réalisé par Herman Hoffman, n'avait pas d'aspirations autre que de faire un coup et se rentabiliser vite. C'est donc bien un film plutôt de merde... Mais qui laisse pourtant un sentiment d'inachevé.
Le Portrait D'une Humanité Détestable
L'un des aspects les plus déconcertants de ce film est la manière dont il dépeint l'humanité. Les personnages, qu'il s'agisse des adultes bornés, des pères violents, des femmes cruches ou des enfants blasés, sont dépourvus de toute sympathie. Mais bon, peut-être que c'était le but du réalisateur : montrer le malaise d'un gamin cherchant désespérément une échappatoire à ce monde de merde.
Le film lui-même n'est-il pas le rejeton de "Forbidden planet". Une suite forcée qui n'avait aps demandé à naitre ?
Cela étant, le résultat est qu'on a vraiment l'impression que tout le monde à l'écran se fait chier n'a qu'une envie : quitter le cadre.
Comédie de mœurs : Il y a quelque chose de tragique dans la dernière séquence. Tout le monde est content, le père de famille peut se remettre à battre son fils pendant que sa femme finit de mettre la table. Retournement de situation : Robby le robot retient sa main. Tout le monde rigole. Ca résume pas mal ce film qui aborde des sujets durs mais n'ose pas les prendre sous un axe autre qu'une comédie légère qui manque un peu de mordant.
La Vie
Les décors sont vides, l'intrigue manque de dynamisme, et le rythme est tout simplement mort. On a l'impression que le film ne croit pas en lui-même.
Les tentatives de créer un thriller échouent lamentablement. certes le design de Robby n'aide pas mais on a jamais peur pour personne.
Pareil pour les blagues : elles sont naze et limite malaisantes.
"The Invisible Boy" peut être sacrément soporifique. Le film parle beaucoup, beaucoup, beaucoup, sans vraiment dire grand-chose d'intéressant. Les dialogues sont longs et peu captivants, ce qui fait qu'on se désintéresse peu à peu de l'intrigue.
C'est bien dommage car justement le film a suffisamment de thèmes et d'axes de développement pour aller à 100 à l'heure.
Un Pot-Pourri Incohérent
Malgré ces nombreux points négatifs, "The Invisible Boy" tente d'être un film aux multiples facettes. Il essaie d'explorer différents genres, du film de guerre au slapstick avec les blagues du jeune protagoniste. On pourrait interpréter cette diversité comme une tentative de générosité de la part du réalisateur, mais elle donne surtout l'impression d'un film incohérent.
Pourtant, quelques éléments positifs émergent. Le lien avec le film précédent, "Forbidden Planet," est plutôt bien géré, bien que reposant sur un retournement temporel un peu alambiqué.
Et côté SF, on a un très gros potentiel :
Le thème de la révolte des machines et de l'intelligence artificielle est abordé de manière pertinente et assez futurproof. Le film est par exemple complètement d'actualité en supposant que la conscience est une propriété qui peut émerger de la puissance de calcul combinée l'accumulation de connaissances. De plus, il anticipe que la nature du danger vient de la rencontre entre la robotisation et l'intelligence artificielle devenue consciente, une idée clairement en avance sur son temps.
Enfin, le film offre une réponse humaniste aux problèmes évoqués dans "Forbidden Planet." Dans le premier film, l'inconscient des hommes était ce qui allait lui nuire s'il obtenait plus de pouvoir grâce à la technologie. Dans "The invisible Boy" on a un général infecté par l'IA qui va justement utiliser sa volonté profonde pour se suicider. Le médecin légiste dira
"L'inconscient peut parfois mener un homme à son auto-destruction".
L'inconscient dans ce film n'est plus une source de danger mais au contraire la soupape qui permet à l'Homme de ne pas se soumettre à la machine, quel que soit le confort promis en retour.
L'Enfant Gâté
"The Invisible Boy" est un projet qui visait avant tout à capitaliser sur le succès du robot Robby de "Forbidden Planet" et qui avait couté 100K $ à fabriquer. C'était con de laisser cette carcasse dans la remise du studio. Sans surprise la machine à fric accouche d'un spectacle bâclé.
Au final, plutôt que l'arnaque on retient surtout un film raté qui pouvait avoir quelque chose à montrer et semblait avoir beaucoup de choses à dire.