In'Challat

C'est un docu-fiction : la réalisatrice par à la recherche d'un homme, le Challat, qui au début des années 2000 à Tunis a balafré les fesses des femmes pour les punir d'afficher une tenue trop impudique, trop provocante. Elle rencontre plusieurs de ceux qui se prétendent être le Challat, dont on ne sait s'ils veulent tourner dans son film ou s'ils disent la vérité.

Il faut voir ce film pour avoir une idée du clivage qui traverse la société tunisienne contemporaine. Ce clivage est la question de la femme : c'est une ligne de fracture dans la société, entre ceux qui considère qu'elle est inféodée à l'homme, et ceux qui la considèrent comme une égale. La jeune réalisatrice Kaouther Ben Ania s'intéresse à ceux qui veulent soumettre la femme et aux victimes de cette attitude . Elle se focalise sur le prétendu "Challat", qui se révèle ne pas l'être, et d'autres aussi. C'est toujours le même schéma qui apparait : garçons frustrés, sans amour ni sexualité, oisifs, aux basques de leur mère, seule femme digne de respect à leurs yeux. La réalisatrice s'entretient avec des femmes qui ont subi les assauts du Challat pour dénoncer cette conception avilissante qui conduit à la violence et à la déstabilisation de la société.

Tour à tour humoristique, cocasse et grave, ce film est intéressant à ce double titre : portrait social d'une Tunisie contemporaine traversée par des courants antagonistes, et essai cinématographique original, même s'il s'essoufle peu à peu. Kaouther Ben Hania parvient néanmoins à faire passer à la fois son message politique, ainsi qu' un style et un ton nerveux et vifs.