Entre chronique sociale et drame hollywoodien
The Champ est, sous couvert d'une chronique sociale, un mélodrame purement hollywoodien.
Le réalisateur King Vidor met en scène un film assez léger, dont l'aspect dramatique est contrebalancé par une histoire très conventionnelle. L'histoire, c'est celle du Champ (Wallace Beery), ancien champion du monde de boxe, désormais alcoolique, sans un sou et joueur de dés invétéré, élevant seul son jeune enfant, Dink (Jackie Cooper). Dink est déjà un petit homme, il met son père au lit quand celui-ci est saoul. Il se comporte comme un adulte, mais il a la sensibilité d'un enfant.
Tout deux forment le duo dynamique du film. Et bien que parfois ils en fassent des tonnes, une vraie complicité est visible entre eux. On les sent inséparables et derrière leur caractère bourru d'homme, ils s'aiment à n'en plus finir. Le père est un mauvais père mais il ne pourrait vivre sans son fils. Le drame intervient quand la mère de l'enfant réapparaît. C'est une dame du monde. Et même si elle n'éprouve aucune animosité envers le père de l'enfant, elle veut récupérer ce dernier, ne serait-ce que pour lui donner une bonne éducation et son propre lit, ce qu'il n'a pas dans l'hôtel miteux où il vit avec le Champ.
Vidor fait toujours en sorte que son cadre soit très réaliste. Cela se remarque dès la séquence d'ouverture où le Champ et son fils courent, filmés en travelling pour une voiture qui les précède. Le cadre est simple. De plus, le film insiste lourdement sur leur lieu d'habitation : ce n'est même pas les USA, mais la pauvre ville de Tijuana au Mexique. Vidor donc enveloppe son films dans une réalité sociale, mais par-dessus, on remarque le vernis hollywoodien. Par exemple dans les gros plans, où il idéalise le visage des acteurs.
Vidor fait en sorte de capter l'environnement de ces deux "hommes-enfants" pour rendre son histoire plus crédible et leur vie plus triste. Le but de Vidor est de partir sur la base d'une chronique sociale pour la transformer à la fin en flamboyant mélodrame.Mais le film perd un peu de sa force tant le scénario est "déjà vu". On se souviendra toutefois de la bouille du jeune Jackie Cooper, qui ne manque pas d'énergie.