Pas las d'explorer le bestiaire des créatures mythologiques de son pays, Tomm Moore nous revient en force avec son charmant graphisme et de l'émotion plein les yeux.
Song of the Sea raconte comment, pourtant baigné depuis tout-petit dans les contes et légendes, le jeune Ben a peur de se jeter à l'eau. Privé de sa mère et affublé d'une faible sœurette, il garde les histoires où elles sont : dans les livres. Et de sa sœur il ne s'occupe point, elle peut aller se noyer chez les phoques, ça le laisse de marbre !
Le film s'interroge sur la nécessité de s'occuper d'autrui, et montre que mal protéger cause plus de tort que ne ne pas protéger du tout... Une double narration brillamment enchevêtrée, avec d'une part les enfants protégés outrancièrement par leur père qui est lui-même est couvé par sa mère et de l'autre le récit du géant MacLir, qui pleura tant et tant que les flots de larmes firent l'atlantique jusqu'à ce que sa mère le réduise au silence, pensant bien faire.
Comme la sœur se découvre évidemment comme un être surnaturel, mi humain mi Selkie, les deux récits trouvent un terrain d'entente et évoluent main dans la main. Poussé par les évènements, Ben va prendre à cœur d'user de ses connaissances théoriques sur le terrain pour sauver sa sœur et se débarrasser de son antique gilet de sauvetage.
Tomm confirme avec panache son talent de conteur et d'esthète. Les vingt dernières minutes du métrage m'ont longuement fait pleurer - deux fois en salle - des tendres larmes qui coulèrent en s'excusant : "on ne veut pas te faire de mal, on va juste s'en aller de ton corps comme ça..."