Wouah ! Je ne pensais pas que j'allais me laisser embarquer dans cette histoire de sous-marins mais quel plaisir et quel dépaysement que cette immersion à 20.000 lieues sous les mers. Je n'y suis pas allé à la sortie car le genre me rebutais un peu et suite aux beaux retours qu'on m'en a fait, j'ai voulu me faire mon propre avis. Pourtant, j'avoue que le démarrage m'a fait peur. J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dedans avec cette scène de mission militaire au vocabulaire technique très spécifique. Le temps d'adaptation m'a paru long mais néanmoins nécessaire pour adhérer à cet univers mystérieux, caché et invisible du point de vue général de notre société. En effet, on s'aperçoit très vite que rien n'est laissé au hasard dans cette mise en scène d'Antonin Baudry et qu'il y a une véritable recherche de précision et d'authenticité. Le scénario est en béton armé, à la fois documenté et surprenant et le casting est au diapason dans ce huis-clos oppressant. Sans qu'on ne le voit venir, Le chant du loup nous entraine dans des confins dramaturgiques inattendus et politiquement effrayant.
La grande force de ce récit préapocalyptique réside dans son écriture, surtout dans sa maitrise du rythme et du suspense. Cette virée sous-marine de routine se transforme en spirale infernale, en une bataille navale fatale. L'action est captivante, avec un parallèle d'émotions et de réflexions efficace. Il y a notamment un travail phénoménal sur l'univers sonore, si important au déroulement optimale du scénario, fournissant, en contre-partie, un rôle majeur au silence. En cela, la bande-originale de Tomandandy s'avère complémentaire et sensationnelle pour créer un thriller anxiogène sous haute-tension.
Les différents personnages sont aussi bien interprétés et approfondis. François Civil, en première ligne, (ré)agit tout en subtilité par son écoute et sa sensibilité. Omar Sy, en commandant, montre qu'il peut être sérieux même si le naturel revient au galop via quelques blagues bon enfant. Reda Kateb joue sûrement le rôle le plus complexe et insaisissable du film tandis que Mathieu Kassovitz, par son charisme, impose une autorité naturelle. Paula Beer, seule représentante de la surface et de l'étranger, contribue à une romance facile et secondaire mais néanmoins charmante.
Le chant du loup est une vraie surprise en tout point de vue et vient remuer le champ des possibles d'un certain cinéma de genre français.

alsacienparisien
8

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Créée

le 13 mars 2019

Critique lue 159 fois

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