Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Antoine Baudry a un parcours atypique ! Ingénieur de formation devenu conseiller ministériel puis diplomate, il se lance dans le cinéma en scénarisant l'adaptation de sa propre BD, "Quai d'Orsay". Il passe désormais à la réalisation avec "Le Chant du Loup", thriller sous-marinier s'intéressant à une oreille d'or (marin capable d'analyser finement les sons) prise dans une crise militaire !
Quoi que l'on puisse dire du film, cela fait plaisir de voir des films français ambitieux de la sorte, à savoir un film de sous-marin disposant d'un budget confortable. On passera rapidement sur les quelques défauts du film, à savoir des maladresses de réalisation inhérentes à une première œuvre (certains seconds rôles peu naturels, mise en scène parfois un poil trop statique), une poignée de gros clichés (l'idylle de la bibliothécaire arrivant comme un cheveu sur la soupe...), et quelques effets numériques un peu moches.
Néanmoins, ces défauts n'occultent pas les qualité du film, en premier lieu le gros travail de recherche sur le milieu des sous-mariniers : les dialogues sont techniques, les décors & bâtiments sont crédibles et bien exploités (sans doute parfois fantaisistes, mais tant que c'est cinégénique...). De plus, l'intrigue se veut assez originale et anti-conventionnelle, si l'on excepte de petits emprunts à "Dr Strangelove" ou "Crimson Tide". Il est d'ailleurs étonnant de voir que malgré le soutien logistique de la marine, on est très loin d'un film de propagande, le scénario se voulant ambigu (questions sur la rigidité de la dissuasion nucléaire, quelques moqueries sur l'armée...). Sans compter que les acteurs principaux sont plutôt bons (dont François Civil en marin touchant), et que les scènes d'action sont efficaces, offrant un thriller prenant qui se forge une vraie identité.