Ah, mais qu'est-ce qu'elles ont toutes, à Saint-Louis, en 1903 ? Au moindre pantalon à l'horizon, on se fait remarquer, on minaude, on se l'arrache. D'ordinaire, au cinéma et dans la vie courante, c'est le contraire qui se passe, "au moindre jupon, …". Enfin, c'était comme ça, avant …

C'est que cette belle et douce comédie musicale commence bien banalement puisqu'on suit les faits et gestes de cette famille composée presqu'exclusivement de filles et de femmes (Six contre trois pauvres hommes, le grand-père, le père et le fils ainé, bon à tout faire).

Puis, on se prend au jeu et au charme de Saint-Louis en été, à la douceur de cette belle maison de maître dont on va suivre l'évolution de la famille, les trois saisons suivantes. Et à la fin de l'été, au moment des orages, voilà qu'un coup de tonnerre s'annonce. La carrière du père nécessite de quitter ce petit paradis pour rejoindre la lointaine grande ville grise de l'Est, New York.

Bon, ok, si certains pensent trouver dans ce film, une analyse fine voire aigue de la condition politico-sociale en 1903, à Saint-Louis, il vaut mieux passer son chemin. On n'est ni chez Ken Loach, ni chez Guédiguian. D'une part, on est fin 1944 et on a besoin de respirer tandis que les années de guerre semblent s'étirer et peut-être s'achever. D'autre part, Minelli est là pour nous transmettre des ondes positives avec des notions simples comme le bonheur domestique, le goût d'une sauce sucrée/salée ou l'Amour avec un grand A (qui pousse sur la pelouse de la maison voisine)

La mise en scène est splendide, aidée par le technicolor, avec des scènes très réussies comme celle de Tootie, la sœur cadette, qui est chargée, lors d'Halloween, d'aller "attaquer", seule, la maison de l'ogre honni. Comme la merveilleuse scène des bonhommes de neige, …

Et puis, ce film, ce sont aussi de nombreux airs qui sont, depuis, passés à la postérité comme "The boy next door", "The Trolley Song" ou "Have Yourself A Merry Christmas" chantées délicieusement par Judy Garland.

Paradoxalement, ce n'est pas "Meet me in Saint-Louis" qui donne pourtant le titre au film, que je préfère.

J'allais oublier le splendide "You and I" qui scelle la réconciliation du père et de la mère, qui tirerait presque des larmes …

"Le chant du Missouri", c'est bien sûr un casting avec Judy Garland, à 21 ans, peut-être à l'apogée de sa carrière, encore jeune fille et pas encore femme. On sent que l'actrice vit intensément son rôle, à moins que ce soit son futur mari qui soigne les prises de vue …

Autre acteur, Leon Ames que j'ai toujours vu (dans les quelques rares films que je connais) dans le rôle d'un père. D'ailleurs, comme tout père, il est forcément maladroit. Surtout avec des filles, dont je dis toujours, fort d'une certaine expérience, que ce sont des mécanismes très délicats, difficiles à manier dont il faut se méfier des réactions. Et, puis, pour tout dire, j'éprouve une petite tendresse pour le bonhomme, m'étant, lors de ma carrière professionnelle, trouvé dans un cas un peu similaire (toutes proportions gardées) …

Pour conclure, "le chant du Missouri" est un bel hymne au bonheur d'être chez soi, en famille, au chaud. Comme dans "La vie est belle" de Capra, on ne peut que se réjouir de l'instant final …

Même, si pour moi, Vincente Minelli fera encore mieux une dizaine d'années plus tard avec l'encore plus merveilleux Brigadoon !

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le 24 févr. 2024

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