Voilà de quoi nourrir la réflexion sur la relativité du temps: 2h30, ça peut être très court quand c’est le temps de sommeil dont vous disposez, mais ça semble interminable quand on est devant un film qui ne nous emballe pas.
Le chardonneret, présenté comme “époustouflant”, “fascinant”, ou que sais-je encore fait l’effet d’un pétard mouillé: bouffi d’ambition, plein de bonnes intentions, mais complètement insipide.
L’histoire pourrait - devrait - être palpitante, à base d’explosion dans un musée, de tableau, d’amour des antiquités, d’intinéraires croisés. Oui, sur le papier ça peut faire rêver.
Le petit Théo a un destin digne d’un personnage de Dickens au rabais: il démarre dans la vie avec une accumulation de malheurs et on devrait l’aimer pour ça, vouloir l’accompagner vers des jours meilleurs.
Sauf qu’à aucun moment le film n’arrive à faire émerger l’empathie du spectateur: Théo reste ce petit garçon introverti qui ne sait pas de quel côté pencher: ni tout à fait sage ni franchement déviant.
Forcément son parcours va permettre de rencontrer des gens, de vivre des aventures, d’éprouver quelque chose: mais là aussi toutes les relations sont tronquées, avortées.
On ne ressent jamais d’alchimie entre les personnes, et on ne peut pas souffrir avec notre enfant pas gâté quand on le devrait.
Il y a pourtant quelques moments d’espoir, des rencontres dont on se dit qu’elles devraient nous plaire, mais tout est servi sans chaleur, et se passe loin, très loin du spectateur. Tout est aussi figé que les traits de Nicol Kidman (elle le fait exprès de choisir des rôles où on la rajeunit avant de la vieillir non?).
C’était le même problème dans Brooklyn le précédent film de John Crowley: les protagonistes n’avaient pas l’air d’éprouver de sentiments.
Ca pourrait s’expliquer si Théo était autiste, mais rien ne nous permet de penser que c’est le cas, et surtout le film ne pêche pas que sur ce personnage: chacun n’est qu’une image d’épinal, il n’y a pas de fond, on ne croit pas un instant à leur existence.
C’est comme si le chardonneret essayait de mettre en abyme le spectateur: la comparaison entre des meubles authentiques et des copies sans âme fait échos au film sans saveur qui nous est proposé.
Pourtant on sent qu’il y a la volonté de créer quelque chose: en jouant avec la temporalité, en dévoilant l’histoire au fur et à mesure, en voulant donner du charme aux acteurs et aux décors.
Mais que tout ceci est maladroit!
Il faut de la maîtrise pour gérer convenablement une narration sur plusieurs époques, il ne suffit pas de dire aux deux acteurs qui jouent un même rôle quels tics ils doivent adopter (remonter ses lunettes régulièrement par exemple) pour qu’on sache qu’ils sont la même personne (il aurait été préférable de perfectionner leur jeu).
Il est aussi difficile de dater le film: il se passe dans les années 2000 mais la photo semble indiquer un film d’époque (sans doute pour donner une patine aux images puisqu’on parle d’antiquités).
L’ensemble manque de cohérence et d’équilibre, et même les transitions entre Théo jeune et âgé sont maladroite et prêtent à sourire.
Il y a beaucoup trop de raisons de ne pas aimer le film pour se laisser porter par son histoire rocambolesque et pour garder en mémoire les quelques moments qui nous ont donné espoir.
On aurait été plus conciliant si on avait eu affaire à un film sans moyen, sans ambition démesurée.
Une séance rendue encore plus pesante par la température élevée de la salle. Les bouteilles d’eau distribuées pour y remédier étaient dotées du “fameux bouchon” qu’on ne perd pas mais qui fait un joli “clic” à l’ouverture et à la fermeture. La séance a donc été ponctuée de ces fameux “clics” incessants. On n’a pas toujours des vies faciles.
(très bonne initiative de mettre des bouteilles au prénom des spectateurs! - on me dit que tout le monde n’a pas la chance de partager son prénom avec une source, moi oui et ma vie s’en trouve plus belle de jour en jour!)