Dans les années 40, Tyrone Power voulait sortir des rôles de beau gosse dans lesquels il s'estimait trop souvent cantonné. Avec "Nightmare Alley", Edmond Goulding a exaucé son vœu.
C'est mon beau-frère qui m'a fait découvrir ce film. Je l'ai très récemment vu 2 fois à trois semaines d'intervalle.
L' histoire est proprement incroyable. Tout démarre dans le milieu des fêtes foraines.
Lorsque l'on parle des fêtes foraines, quel que soit l'angle que l'on prenne, le ressenti est le même : cet environnement suscite toujours la peur, mélange d'inconnu, de transgressions et d'excès imprévisibles en tout genre.
J'en veux pour preuve "la foire des ténèbres", roman de Ray Bradbury, "Freaks" de Tod Browning, "Elephant man" de David Lynch, "Sudden Impact" de Clint Eastwood, où la fête foraine est carrément le lieu d'un viol.
"Nightmare Alley" n'échappe pas à la règle. On y découvre Stanton Carlisle (Tyrone Power) en harangueur de foule méprisant.
L' homme est ambitieux, il en veut plus que ce rôle subalterne.
Par un coup du sort, ou presque, Stan et Zeena, la diseuse de bonne aventure, développent une technique infaillible pour berner la foule.
Parmi les forains, il y a aussi la jolie Molly; tout deux se plaisent.
Leur amour partagé les conduit à quitter la fête foraine pour exporter le numéro de devin auprès de la haute société de Chicago. Le spectacle fait sensation.
Stan commence à croire en son propre mythe. Lors d'une soirée, il fait la connaissance de Lilith Ritter et il voit à travers elle une occasion d'aller encore un cran plus loin dans l'arnaque.
Je n'en dirai pas plus. Sachez seulement que la fin du film a été modifiée par rapport à la nouvelle originale de William Lindsay Gresham.
Le film n'en est pas moins un coup de poing en pleine poire qui vous donne à réfléchir sur les limites de l'amoralité, notamment.
Un remake est prévu en 2020, réalisé par Guillermo Del Toro, avec Bradley Cooper dans le rôle titre. Ce réalisateur, par ailleurs très bon dans le registre SF, me semble trop bourrin pour parvenir à restituer les nuances psychologiques des personnages et Bradley, trop blond, pas assez ténébreux.
Je ne prendrai pas le risque d'aller le voir, "Nightmare Alley", comme "l'échelle de Jacob" me semble être de ses films dont on ne peut espérer faire de remake crédibles.
En attendant, jetez-vous sur cette version de 1947 et venez m'en parler, ça en vaut la peine.