Même s'il n'est pas dénué de défauts, "Le chat et la souris" est vraiment un film charmant, le meilleur que j'ai pu voir de son auteur (avec "Itinéraire d'un enfant gâté").
Déjà, j'aime beaucoup la dimension "comédie policière", pas forcément au sens de polar avec des gags, mais plutôt au niveau de la tonalité légère et caustique que parvient à insuffler Lelouch, tout en ne traitant pas l'enquête proprement dite par-dessus la jambe.
Celle-ci constitue certes un prétexte, on ressent beaucoup de second degré, voire des invraisemblances, mais le récit policier reste cohérent, on a vraiment envie de connaître le fin mot de l'histoire, et savoir qui a tué le personnage de Jean-Pierre Aumont.
Ensuite, Lelouch a rassemblé pour ce film un casting formidable : Michèle Morgan bien sûr, pour son ultime premier rôle sur grand écran, qui forme un duo fort sympathique avec le grand Serge Reggiani, un flic atypique aux méthodes pour le moins borderline.
Celui-ci constitue avec son jeune collègue (l'impayable Philippe Léotard) l'autre tandem très attachant de l'histoire, à mi-chemin entre complicité amicale et rapport filial, non sans évoquer le lien entre Ventura et Dewaere dans "Adieu poulet", sorti la même année.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste, puisqu'on aura le plaisir de retrouver des comédiens tels que Jacques François, Michel Peyrelon, Philippe Labro, Yves Afonso, sans oublier les ravissantes Christine Laurent et Valérie Lagrange.
Enfin, la mise en scène de Lelouch est une vraie bonne surprise, inventive et malicieuse tout en restant relativement sobre. Je n'avais pas revu l'un de ses films depuis des lustres, resté bloqué sur l'auto-caricature que Lelouch a parfois véhiculé, et j'avoue avoir redécouvert certaines qualités du cinéaste français, à commencer par sa direction d'acteurs.
L'ensemble reste inégal, à l'image des dix dernières minutes complètement ratées, mais ce visionnage du "Chat et la souris" m'aura donné envie de me replonger à l'occasion dans l'œuvre du bonhomme.
Enfin, dernier atout en faveur du film : un joli clin d'œil au célèbre court-métrage de Lelouch, tourné l'année suivante, dans lequel celui-ci filme un trajet à fond dans les rues de Paris avec une caméra embarquée. Dans "Le chat et la souris", le réalisateur prépare le terrain, déclinant cette idée audacieuse lors de trois parcours minutés, en voiture, à moto puis en bateau sur la Seine...