Le Château de l'Araignée, ou "MacBeth au pays du soleil levant caché par un épais brouillard"...
Et c'est un fait, Akira Kurosawa démontre une fois de plus sa virtuosité technique en nous proposant des plans toujours plus pensés, toujours plus travaillés, toujours plus impeccables, et des scrollings à couper le souffle.
Des vestiges et leur requiem, des fanions claquant sous les vents, des messagers comme affolés se succédant, un brouillard à couper au couteau perdant les généraux Washizu et Miki sur leurs deux chevaux, le fil d'Arachne, des monticules de terre et de crânes, de vastes intérieurs grandissant, un fantôme qui se déplace au loin, une forêt de plantes vivaces et un assaut de flèches dont la dernière sera tellement bien fichée qu'on se demandera si l'on rêve ou non. C'est parfois long mais c'est toujours beau !
Et le plus beau, c'est quand même cette rencontre fantastique avec l'être en blanc, cette sorcière (?) qui me fit d'abord penser à un vieux poète psalmodiant puis s'éclipsant après la prophétie et la succession qui rendront fou Washizu. A moins qu'il ne s'agisse du contraire... L'esprit du Malin et ses 300 rôderont alors dans les bois. La Dame de Washizu, mise dans la confidence, poussera le général à sa perte, à leur perte.
Malheureusement, tout ce long passage au milieu du film - parfois confus - m'a plutôt ennuyé... Il manque une ambiance, une musique, un rythme, malgré un très bon jeu d'acteurs et quelques jolis silences.
La folie de son personnage empirera, et à Toshiro Mifune d'enfin pouvoir s'en donner à coeur joie. Et à sa Dame, aux visions métaphoriques, de faire de même. Le dénouement grâce à la générosité de l'acteur et au scénario s'avère assez exceptionnel, risquant de me hanter encore quelques temps !
Une très belle découverte donc, malgré un ventre mou quand même handicapant selon moi.
7,5/10