Baroque par son mélange saugrenu des genres et des thématiques, confus comme un premier film où l'on veut tout dire, immobile et verbeux comme peut l'être Mankiewicz (mais, hélas, la grâce en moins), DragonWick pèche par bien des défauts.
Lubitsch, qui aurait dû le réaliser s'il n'avait pas été victime d'une crise cardiaque, et qui finalement ne fait que produire le film tout en le supervisant quand même, demandera à ce que l'on retire son nom du générique: insatisfait du résultat, furieux de voir ce néophyte refuser les conseils de son mentor (en laissant sa caméra arrêtée pendant que parlent les prolixes personnages ou en ne mettant pas assez en valeur ses acteurs), il enragera contre Mankiewicz à qui il ne pardonnera jamais l'irrévérence.
Il faut bien avouer qu'il n'avait pas totalement tort.
Tout d'abord ce conte gothique mêlé à une intrigue marxiste (qui par ailleurs décroît soudainement d'intérêt) avec des échos mélodramatiques semble bien grotesque. Ensuite ce scénario décousu manquant de fil conducteur et partant un peu dans tous les sens n'aide en rien. Puis que dire de ces acteurs au jeu trop limité (hormis W. Huston le père de famille, personne ne se détache vraiment, pas même la (trop?) belle Gene Thierney)? Enfin, quelle morale tirer de ce film dont le message se perd?
Un Mankiewicz encore en devenir, encore loin du Limier, mais dont on peut déjà reconnaître des détails de la marque de fabrique.