Je n'avais pas particulièrement accroché à la bande-annonce, trop explicite tant au niveau du scénario que de son coeur de cible (dont je ne suis plus depuis des siècles, hélas), et je n'avais pas davantage aimé le Royaume de la Pluie, précédent long métrage du réalisateur (trop enfantin pour un dinosaure de ma trempe), mais j'ai passé deux belles heures dans une bulle feel good aux couleurs bonbon haribo, habilement structurée dans sa déstructuration salutaire (on se serait tellement ennuyé, sans ça), joliment mise en scène (même si trop dans la retenue, peut-être) et en musique (très beau soundtrack, il y avait longtemps).
Quand bien même le trailer en question ne laisse-t-il pas grand place aux surprises et aux spéculations, et le récit spoile-t-il son twist au bout de vingt minutes, on ne peut qu'être touché en tant qu'adultes par la sincérité du réalisateur et de ses personnages - même si archétypaux. Forcément. A la japonaise.
Un thème fort, aussi intemporel que d'actualité : le harcèlement scolaire, traité avec prudence et sensibilité, mais sans sensiblerie ni trop tomber dans le pathos ou le mélo de gare.
On échappe aux sempiternelles (autant que redoutées) séances d'humiliations à rallonge et autres tranches de vie convenues qu'on a souffert par coeur, l'intrigue se focalisant sur son utopie en CGI et les amitiés qui s'y nouent, les drames qui s'y dénouent, avec les gorges et les soupirs.
Confidence pour confidence, j'en suis d'ailleurs ressorti plus secoué que je ne l'aurais cru, y compris sur le coup, au moment du visionnage, tant il a fait remonter de souvenirs et vibrer des cordes mine de rien dont j'avais opportunément oublié l'existence. Rien que de très banal et que de trop commun, pourtant : je m'en suis tiré à bon compte. Il faut croire pourtant que les blessures restent et que le film agit comme un révélateur, ce qui n'est pas le moindre de ses mérites mais le rend aussi salutaire que potentiellement destructeur.
En ce qui me concerne, je ne le recommanderai pas à une personne vivant actuellement une situation de ce genre, tant serait violent pour elle le moment où le film pose son mot fin et où les lumières de la réalité se rallument sur un univers sans miroirs magiques.
Belle intention, beau film, triste monde.